Il y a des dérives que les pouvoirs publics, dont la mission est de protéger les citoyens, leurs biens et leurs droits, ne doivent pas tolérer. Que des personnes s’organisent et se donnent le droit d’aller dicter à un média privé (une entreprise privée) ce qu’il doit désormais faire et dire, le profil des personnes qu’il doit inviter sur son plateau, ça dépasse l’entendement. Est-ce à dire que désormais, au Burkina Faso, il y a des gens, en dehors des pouvoirs publics, qui sont investis pour dire ou faire injonction aux autres ce qu’ils doivent dire ou faire ?
Que veut-on faire croire en laissant faire des choses de ce genre ? Que des Burkinabè, en dehors de toute légalité, peuvent s’arroger le droit de contraindre d’autres Burkinabè à faire ce que, eux, ils veulent ? Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, j’ai peur ! Non pas pour ma petite personne, mais pour le Burkina Faso ; notre terre, la terre de nos ancêtres. Si je ne dois pas avoir peur, alors que la force publique me rassure.
Au juste, de quoi la transition et les autorités qui la dirigent ont-ils peur ? Si la transition est convaincue qu’elle représente la majorité des Burkinabè ; si elle est convaincue qu’elle est là pour faire des reformes allant dans le sens des aspirations de la majorité des Burkinabè, de quoi a-t-elle peur au point de vouloir contraindre tout le monde à dire et à faire ce qu’elle veut ? Cela ne devrait-il pas couler comme de l’eau de source ?
Monsieur le Ministre d’Etat, vous avez été journaliste. Vous avez servi des causes. A un moment donné dans l’intérêt supérieur de ce pays. Vos confrères journalistes ne vous trahiront jamais. Ils ne trahiront jamais la transition, encore moins leur pays ; ils ne trahiront jamais la légitimité du peuple burkinabè à accéder à la souveraineté, à l’indépendance et la dignité. Mais, encore faut-il que vous sachez unir toutes les énergies pour combattre l’ennemi commun !
Monsieur le ministre d’Etat, le danger nous guette (touchons du bois). Si tous ces gens qui menacent ou qui enlèvent et séquestrent d’autres Burkinabè sans respect des procédures en la matière, ou qui encore veulent contraindre des Burkinabè à dire ou à se soumettre à ce que, eux, ils veulent sont soutenus par des relais de la transition, c’est que c’est dangereux. Si au contraire, ce sont des personnes qui agissent à leur gré et que la transition ne contrôle pas de l’intérieur, vous devez en avoir peur.
En effet, les comportements d’une catégorie de Burkinabè, notamment ceux qui ont droit au chapitre, ou supposés comme tels, ne favorisent pas du tout les efforts des autorités de la transition à nous unir autour d’objectifs communs. Il n’y a pas un Burkinabè qui aime le Burkina Faso plus qu’un autre. Les approches peuvent être différentes. Aussi, ne pas être du même point de vue sur une ou des questions concernant la vie de la nation, ne veut nullement dire qu’on est contre son pays ou les autorités qui sont au pouvoir.
Aussi, Monsieur le ministre d’Etat, j’ai envie de ne pas avoir peur. Mais…
Dabaoué Audrianne KANI