Des palais feutrés à la résidence surveillée, les vagues du pouvoir. En une matinée, le pouvoir d’Alpha Condé est tombé comme un fruit mûr. Quant à lui-même, il s’est réveillé ce matin du dimanche 5 septembre dans son lit douillé et s’est retrouvé dans un canapé à partir duquel il est conduit sous haute escorte en lieu sûr.
Ces proches, membres du gouvernement et présidents d’institutions ont été convoqués mali-militari le lendemain pour s’entendre dire haut et fort de remettre leurs documents de voyage et les véhicules de fonction aux secrétaires généraux chargés de l’expédition des affaires courantes. Ainsi en Guinée, du jour au lendemain, le pouvoir a changé de main.
Parce qu’il a été mal acquis au troisième mandat. Mal acquis parce que non seulement le troisième mandat n’étant pas opportun, mais les élections ont été truquées. Aussi, huit mois après son élection, le voilà vomis par les Guinéens dont certains sont sortis nombreux pour manifester leur joie de le voir renvoyé du pouvoir. Comme quoi, les vagues du pouvoir peuvent conduire des palais feutrés à la résidence surveillée dans le meilleur des cas, ou en prison dans le pire.
Alpha Condé, Blaise Compaoré, Ibrahim Boubacar Kéïta sont tous passés par là. Avant eux, d’autres présidents, en Afrique ou à travers le monde, ont connu le même sort. Parce que certains n’ont pas compris très tôt le message des populations et d’autres pour des raisons diverses.
Il est désormais admis que les populations africaines ne s’accommoderont plus avec des dirigeants défaillants. Aussi, sont-elles prêtes à prendre leurs responsabilités et faire face à leur destin. Autant elles n’accepteront plus des interventions étrangères hasardeuses dans leurs affaires internes, autant elles ne permettront plus à leurs dirigeants de se comporter en oppresseur. Coup d’Etat, insurrection ou désobéissance civil…les modes de destitution sont multiformes.
Car, ayant compris que les élections, telles qu’elles ont lieu sous nos tropiques ne représentent pas l’opinion majoritaire, les populations africaines sauront toujours user d’autres moyens pour remettre les choses à leur place. Néanmoins, si les populations peuvent avoir ce droit sur leurs dirigeants, il n’en demeure pas moins qu’une instabilité chronique à la tête de nos Etats ne peut non plus favoriser l’amorce d’un quelconque développement, source de prospérité et de bien-être social. C’est pourquoi, la voie des urnes pour élire ou sanctionner les dirigeants incompétents doit être privilégiée.
Qu’à cela ne tienne ! Bonne gouvernance démocratique et politique, respect des libertés et des droits des personnes, égale répartition des ressources du pays, accès aux services sociaux de base (santé, éduction, eau, électricité…) … seront désormais la boussole de tout dirigeant africain s’il veut bien rester au pouvoir et terminer en paix son mandat. Aussi, devraient-ils s’entourer de personnes travailleurs, intègres, patriotes, dignes de confiance dont l’objectif est de servir et non se servir. Tous les chefs d’Etat qui ne l’ont pas compris très vite l’ont payé cash.
Dabaoué Audrianne KANI