Climat des affaires : «…à Bobo, tout le monde est devenu commerçant…»

Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à une crise multidimensionnelle tant sur le plan sécuritaire et humanitaire qu’au niveau économique. Avec plusieurs pistes en examen, d’autres mises en actions dans le domaine économique du régime de Roch Marc Christian Kabore au Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) II, la situation économique semble toujours trainer les pieds chez les acteurs du secteur informel de la ville de Sya.

La croissance économique du Burkina Faso a ralenti de 3,2% en 2022, selon African Economic Outlook (AEO). Ce ralentissement qui s’explique par plusieurs facteurs, se fait ressentir chez les commerçants bobolais. Au grand marché de la capitale économique, les affaires ne marchent pas. « La situation économique n’est pas bonne, car il n’y a pas de marché et à Bobo, tout le monde est devenu commerçant », indique Rasmané Ouédraogo, vendeur d’accessoires de téléphone au grand marché.

Eugénie Christiane Kam, vendeuse d’intrants agricoles et d’aliments de bétail et volaille, abonde dans le même sens. « C’est la saison pluvieuse qui est notre période de vente, mais il n’y a pas d’affluence. Le marché est mou parce que la pluie n’est pas régulière et la majeure partie des villages environnants qui avaient besoin d’intrants agricoles se sont vidés à cause de l’insécurité. Ce qui fait qu’on ne s’en sort pas », se lamente-t-elle.

Ce contexte économique difficile rend les tâches lourdes pour les citoyens. « Tout est cher maintenant, tu dois payer le loyer du magasin, les impôts sont là, la famille également. Avec l’effort de guerre qui vient s’ajouter, pourtant tu ne vends rien pendant une semaine souvent. On ne croit pas pouvoir s’en sortir si la situation continue », ajoute Christiane.

En effet pour mieux faire face à la guerre, le régime de la transition a ajouté des taxes sur le prix du carburant, des boissons alcoolisées et non alcoolisées, les produits de toilettes et cosmétiques, de la cigarette, des sacs et sachets en matière plastique, de cessions de terrains hors lotissement, des services de téléphonie mobile et aux prix d’abonnement et réabonnement auprès des opérateurs de télévisions privées. Pour Nana Diakité, restauratrice installée non loin de l’entrée du marché central de Bobo, la situation est déplorable. « J’enlève le plat à 200 FCFA et 300 FCFA.

Certains viennent avec 100 FCFA pour te négocier. D’autres viennent demander parce qu’ils n’ont pas d’argent. Tu es obligé de donner pour que la personne ait quelque chose dans le ventre. Les gens ont faim, mais ils n’ont pas d’argent. C’est compliqué partout, puisque sur le marché tout a augmenté et on n’arrive pas à vendre», dit-elle.  L’ambiance morose de ce principal lieu commercial de la ville, traduit la manière dont chacun se débrouille pour joindre les deux bouts.

Ces acteurs du secteur informel souhaitent que l’État mette les groupes armés terroristes hors de notre pays, car « ce sont les gens qui sont dans les petits villages qui font aussi notre marché. C’est eux qui viennent payer chez nous pour aller revendre. Ces revendeurs gagnaient pour eux et nous aussi on ne se plaignait pas. Si eux ont abandonné leurs localités, nous on s’en sort comment ?» S’interroge Rasmané Ouédraogo. Au regard de la crise sécuritaire, ils demandent aux autorités de la transition de revoir le prix des denrées alimentaires pour permettre aux citoyens de ne pas mourir de faim.

Eugène KAM/Stagiaire

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