Autant le dire… : Spéculation foncière, Monsieur le ministre ne reculez pas !

Décidemment, c’est à ne plus rien comprendre dès qu’on aborde la question de la terre au Burkina Faso. En effet, il n’y a pas si longtemps, l’unanimité qui semblait être de mise commence à se lézarder. Citoyens des villes et des campagnes, tous tiraient à boulets rouges sur l’accaparement des terres par des agences de promotion immobilière. L’Etat était même soupçonné d’en être complice. A tel point que des mesures de suspension des opérations de lotissement ou d’aménagement foncières ont été suspendues par le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville.

Les habitants de Raguitenga dans la commune de Korsimoro semblent s’inscrire dans cet esprit. Puisqu’ils ont manifesté le 16 février 2021, pour dire non à un projet immobilier qui va les déposséder de leurs terres, et par conséquent de leur outil de travail, donc de leur gagne-pain. Aussi, refusent-ils de céder leurs terres pour la construction d’une cité.

Mais, les agences de promotion immobilière ne l’entendent pas de cette oreille. Manifestement elles ne sont pas restées les bras croisés. Puisque depuis un certain temps, on voit côte-à-côte, des représentants de propriétaires terriens et promoteurs immobiliers pour les uns (propriétaires terriens) revendiquer leur droit de vendre leurs terres à qui leur plait (suivez mon regard). Et pour les autres (promoteurs immobiliers) d’acheter les terres des uns et en faire ce qui leur plait. Ce fût le cas récemment dans la zone non-lotie de Belleville à Bobo-Dioulasso, le jeudi 29 avril 2021, à travers une conférence de presse.

Les représentants des propriétaires terriens de cette zone clamaient haut et fort les sérieux et les bonnes pratiques d’une agence de promotion immobilière pour laquelle ceux-ci prenaient fait et cause. Malheureusement, la justice n’a pas la même appréciation. Puisque les responsables de cette société se retrouvent à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso. Pour leurs agissements peu orthodoxes !  Le lendemain, soit le 30 avril à Ouagadougou, une coordination d’associations de promoteurs immobiliers et un syndicat de propriétaires terriens ont co-animé une conférence de presse pour dénoncer les intentions des ministères en charges des Finances et de l’Urbanisme.  Qui ont mis en place un comité de réflexion sur des mesures conservatoires d’urgence en matière de gestion foncière. Lequel comité a été installé le 21 avril 2021. Ces organisations veulent que les textes en la matière continuent d’être appliqués et ne comprennent pas le bien-fondé des mesures conservatoires.

Quoi qu’on en dise, la question foncière est une bombe à retardement qu’il faut désamorcer, vaille que vaille.  Et le plus tôt sera le mieux. Il appartient à l’Etat d’assumer ses responsabilités. Et l’une de ses responsabilités est de protéger le citoyen, y compris contre son propre gré. Dans le cas d’espèce, si la bombe éclate ça ne sera pas aux promoteurs immobiliers, ni aux propriétaires terriens d’éteindre les flammes. Mais, bel et bien à l’Etat. Il doit sanctionner, si pour désamorcer la bombe du foncier, il faille passer par là. Monsieur le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville, ne reculez pas !

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr

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