La tradition voudrait que dans le cadre d’une transition, notamment dans le cas précis d’un coup d’Etat militaire, que si le président est militaire, le Premier ministre soit un civil. C’est ce qu’on observe en Guinée Conakry et également au Mali. Mais lorsque le président est un civil, le Premier ministre est militaire. Ce fut le premier cas au Mali et même au Burkina Faso en 2014.
Si au Burkina Faso on avait pu conduire, malgré tout, la transition à son terme, au Mali le chef de la junte militaire a été obligé de se séparer de son président civil afin d’occuper lui-même le fauteuil et conduire la transition. Le président Capitaine Ibrahim Traoré a donc le choix. Toutefois, sa marge de manœuvre est assez réduite car militaire à la tête de l’Etat, il ne peut que choisir un Premier ministre civil. Mais lequel et dans quel milieu ?
Le Burkina Faso étant en guerre contre les groupes armés terroristes, le président militaire qu’est Ibrahim Traoré doit être constamment au front. Même si ce n’est pas pour combattre physiquement, sa présence aux côtés des troupes sera d’un grand apport moral pour les éléments.
Du coup, les missions de gouvernance reviennent au Premier ministre et aux membres du gouvernement. Aussi, le Premier ministre qu’il devra choisir doit être un grand connaisseur de la gestion de l’Etat et des affaires publiques. Car, comme lui-même l’avait déjà dit, tout étant urgent, il sera hasardeux de s’encombrer d’une personne qui viendra faire un apprentissage de la gouvernance publique.
En outre, le Premier ministre doit être un homme ou une femme non seulement pétrie de compétences, mais aussi un patriote convaincu ; un homme ou une femme intègre, incarnant les valeurs de probité, d’humilité, de solidarité, de fraternité, de dignité, de dialogue et de justice avérées. Ces gens-là, le Faso en compte énormément. Il lui suffit de fouiller et il en trouvera.
Pour ce qui concerne les membres du gouvernement, ils doivent être en phase avec le Premier ministre quant aux valeurs que celui-ci incarne. Toute autre considération pourrait avoir des conséquences fâcheuses. C’est pourquoi, le président Capitaine Ibrahim Traoré doit aller chercher partout où ils se trouvent, ces hommes et ces femmes capables de redémarrer en un quart de tour, la machine burkinabè et la mettre en plein régime sur les chantiers de la bonne gouvernance et du développement. Il n’y pas de temps à perdre car, en plus des anciennes préoccupations qui attendent de trouver des solutions, de nouvelles autres sont apparues après le coup d’Etat du 30 septembre.
Quant à l’inclusivité du gouvernement, celle-ci pourrait être prise en compte si le président estime qu’il a besoin de toutes les composantes de la nation pour assurer la conduite de la transition. Seulement, l’expérience a toujours montré que lorsque des acteurs purement politiques s’engagent dans une transition c’est pour préparer la conquête du pouvoir. Quant aux organisations de la société civile, leur rôle n’a pas toujours été bien apprécié dans les transitions.
Dabaoué Audrianne KANI