Dans la nuit du lundi 17 mai 2021, des échauffourées ont éclaté entre Sunnites et Ançardines, deux communautés musulmanes à Diarabakôkô, localité située à une vingtaine de kilomètres de Banfora. Nous avons rencontré les deux parties ce mardi 18 mai 2021.
Le mur de la clôture de la concession de l’imam Seydou Soulama (sunnite) n’a pas résisté à la colère des jeunes ançardines. Du côté des ançardines, ce sont deux motos qui ont été saccagés par les sunnites.
Seydou Soulama, imam sunnite raconte : « Ils sont arrivés autour de 19h après la prière. Ils étaient plus de 40 personnes alors je n’étais au courant de rien. Ils disent être venus pour en finir avec moi. Les coups de poing ont commencé. C’est une femme qui est venue me sauver en me faisant entrer dans la cour. Ils sont rentrés dans la cour et j’ai pris le mur.
On a alerté la sécurité et les éléments sont venus faire le constat. Il n’y a pas eu de mort, mais ils m’ont beaucoup frappé. Ils disaient qu’il y avait un prêcheur à la maison des jeunes. Je ne sais pas pourquoi ils se sont retrouvés chez moi. C’est vrai, j’étais l’unique imam. Entre temps, il y a eu des mésententes et j’ai abandonné leur mosquée et j’ai construit une petite mosquée. Il y a une mosquée ici, mais c’est la communauté musulmane qui l’a construite ».
Selon le porte-parole des Ançardinez, Drissa Guiré, « nous avons eu la visite d’un prêcheur (Ziguiri Kèla) venu de Bobo connu sous le nom de Ziguiri Lagaré qui fait les concerts partout. Chez nous quand un prêcheur arrive, on fait le tour pour demander « la route » au chef, à l’imam et au Conseiller villageois de développement (CVD). C’est ce que nous faisions mais en partant chez l’imam pour demander la route qui est voisin à Wabia Seydou.
C’est en ce moment que celui-ci en voyant venir les jeunes, a commencé à les rencontrer en disant de ne pas venir chez lui. « Je ne vous veux pas chez moi », disait-il. Les gens ont dit, qu’ils ne venaient pas chez lui, car nous ne sommes pas de la même religion. Nous partons chez notre imam, lui avaient-ils répondu. Malgré tout, Wabia Seydou est rentré dans sa cour et a pris une hache pour saccager les réservoirs de deux motos Sanili garés devant la porte de notre imam.
En ce moment, il y a un des nôtres qui lui a dit : » Wabia Seydou fait pardon, nous ne sommes pas venus pour faire la bagarre. Il s’est retourné contre ce Monsieur avec la hache. On lui a retiré la hache et les jeunes ont commencé à le frapper ; ils ont poussé le mur et comme c’est un mur en banco, il est tombé. Ici chez nous, il n’y a pas un conflit inter-religieux ni des mésententes. Wabia Seydou est difficile à raisonner.
On lui a dit que la religion est une, aucune religion ne prétend à l’universalité. La religion c’est pour Dieu et tout le monde peut y adhérer. Depuis fort longtemps Wabia Seydou dénigre les gens, disant qu’ils ne sont pas des musulmans, etc. À chaque fois, on a tenté de le raisonner, malheureusement c’est toujours peine perdue. Avant on priait ensemble dans la même mosquée, et à un moment donné il s’est retiré ».
Le président CVD Dramane K. Héma dit ne pas être au courant d’un conflit inter-religieux. Cependant, il a invité les deux parties au calme et à la retenue.
Besseri Frédéric Ouattara/Diarabakôkô