La campagne de production cotnnière connait un retard dans le démarage des pluies. Aussi, à ceux des producteurs qui n’ont pas encore semé, Bonossokoun Gislain Arsène Somda, le Directeur général, demande de poursuivre les semis jusqu’au 15, voire au 20 juillet.
Monsieur le Directeur Général certains producteurs de coton n’ont pas encore semé du fait de la rareté des pluies. Nous sommes en juillet, peuvent-ils poursuivre les semis ? Si oui, jusqu’à quelle date ?
Cette année encore, nous avons démarré la campagne avec les prix des intrants qui étaient déjà un peu difficiles. Grâce à l’appui du chef de l’Etat qui a pris une dernière décision de réviser une deuxième fois les prix à la baisse le prix des intrants, les engrais surtout, sont à 18 500 F CFA. Ce qui n’était même pas attendu par les producteurs dont les espérances des prix étaient à 19 500 F CFA. Cette décision a été hautement appréciée. Malheureusement, nous sommes dans une activité agricole qui dépend des pluies. Nous constatons au démarrage de cette campagne que les pluies ne sont pas au rendez-vous. Habituellement, il pleut dans le mois de juin qui est très crucial dans l’installation de la campagne.
Et nous accusons un déficit pluviométrique de l’ordre de 49,7 millimètres en deux jours. L’an passé nous avons connu, pour ce mois de juin, une pluviométrie moyenne au niveau de la zone Sofitex de 144,4 millimètres en huit jours. Cette année pour la même période, nous avons une pluviométrie de 94,7 millimètres en six jours. Les producteurs sont à pied-d’œuvre et on sent l’engagement et la détermination à leur niveau. Ce qui fait que dès qu’il y a la moindre pluie ou humidité, ils s’adonnent aux activités. A la date d’aujourd’hui (ndlr : l’interview a été réalisée le 2 juillet), nous sommes déjà autour de 68% d’emblavures réalisées par les producteurs et les comités de crédit. Les résultats ont fait l’objet d’arbitrage ou pas d’arbitrage après par le comité d’audit pour pouvoir assainir la gestion des Groupemets de producteurs de coton.
Monsieur le Directeur général, est-ce que vous pensez que les producteurs peuvent toujours poursuivre les semis ?
Oui ! Seul Dieu sait comment la saison peut se terminer. C’est vrai que les prévisions de la météo sont des données fiables aujourd’hui. Les producteurs sont des Hommes qui croient fermement, ils ont une foi que j’ai souvent qualifiée de foi inébranlable. Il faut avoir une foi de paysan ou de producteur. Les prévisions météos peuvent nous permettre d’avoir des informations pour pouvoir conduire nos activités. Ces informations que nous avons aujourd’hui, nous laissent entrevoir que la campagne va se prolonger. Sur ce, nous demandons aux producteurs de continuer leurs activités de semis. Je souhaite que ceux qui ont déjà emblavé ou même ceux qui n’ont pas encore emblavé et qui n’ont pas pu réaliser leur plan de campagne de continuer de semer jusqu’au 15 juillet et même exceptionnellement jusqu’au 20 juillet dans certaines localités. Le personnel d’appui-conseil de son côté fera tout pour apporter le message de l’utilisation efficiente des engrais pour pouvoir faire une production à la hauteur de leurs attentes.
C’est aussi la période de l’épandage pour les producteurs qui ont semé tôt, quels conseils avez-vous à leur endroit ?
Nous avons une situation très disparate. Nous disons tantôt que nous sommes autour de 261 000 hectares déjà emblavés. Ces producteurs commencent à montrer qu’ils sont déjà engagés. Et c’est la période d’application des engrais. C’est de prendre, dès à présent, toutes les dispositions pour appliquer le NPK après le quinzième jour et le quarante cinquième jour l’application de l’urée. La recommandation que nous faisons à l’endroit des producteurs, c’est de veiller s’ils ont l’humidité à appliquer l’engrais pour éviter des pertes d’efficacité de cet engrais.
Monsieur le Directeur général, nous sommes aussi à une période charnière de la production qui est le traitement phytosanitaire. Y a-t-il des conseils à donner aux producteurs ?
Logiquement sur ce plan, il est recommandé aux producteurs dans la technique de production du coton, que dès le trentième jour après sa levée, devrait faire l’objet de la protection phytosanitaire par des traitements d’insecticides. Nous avons donc dans les recommandations que les agents de terrain sont chargés de faire appliquer aux producteurs, donner des gammes de produits qui, normalement, devraient être utilisés comme on l’a dit dès le trentième jour après levée. Les traitements peuvent démarrer avant même l’application de l’urée qui se fait au quarante-cinquième jour. Les différents traitements, notamment anti-jassides, qui ont été conseillés aux producteurs devraient être faits en ce moment.
Monsieur le Directeur général, avez-vous des conseils particulier à l’endroit des producteurs de coton ?
Mes conseils, c’est pratiquement les mêmes messages que les dispositifs d’appui-conseil qui ont été faits pour accompagner les producteurs. C’est de tenir bon, parce que la situation sécuritaire fatigue la production. Mais nous tenons à dire que les autorités sont dans les dispositions pour assurer la sécurité dans les zones cotonnières. Donc, nous demandons aux producteurs d’aller aux champs et de faire les semis pour ceux qui ne l’ont pas encore fait. Pour ceux qui l’ont déjà fait, il faut bien entretenir les plants (ce qu’ils ont fait en utilisant la fumure minérale à temps) et en faisant correctement les traitements qui sont prévus. Nous conseillons aux producteurs de respecter scrupuleusement ces recommandations. Dieu faisant les choses, la campagne devra normalement réussir si les conseils sont bien suivis.
Je voulais ajouter que cette campagne est exceptionnelle en ce sens que nous accusons déjà un retard dans l’installation des pluies. Comme on le dit, dans les sociétés cotonnières, les campagnes se suivent mais ne se ressemblent pas. On a des campagnes où nous avions des chenilles en juillet et au finish nous avions fait une bonne campagne. Nous avons à l’esprit les cas de campagnes 2009-2010, 2014-2015 et 2019-2020 qui ont été très difficiles où nous avons emblavé des superficies de l’ordre de 39 à 58%, avec des chenilles au mois de juillet mais nous avons obtenu une bonne campagne à la fin. Nous demandons aux producteurs de continuer à semer, car nous avons déjà eu des situations similaires et on s’est toujours tiré d’affaires. Ils n’ont qu’à continuer et leur professionnalisme va faire la différence.
Pour ma part, je ne peux que souhaiter une bonne campagne agricole 2024-2025. Que Dieu fasse en sorte que la situation pluviométrique soit thérapique en cette période, que le mois de juillet qui démarre soit pluvieux ainsi que les mois suivants. Que la campagne pluvieuse puisse se prolonger jusqu’en octobre, novembre, car cela va compenser le retard que nous accusons déjà. Je souhaite une bonne campagne cotonnière à l’ensemble des producteurs.
Correspondance particulière