Centrafrique : Un jour de vote à très haut risque

Les élections législatives et présidentielle en Centrafrique de ce 27 décembre 2020, se sont faites au rythme des coups de fusils.

Depuis l’invalidation de la candidature de l’ancien président François Bozizé par la Cour constitutionnelle, le scrutin couplé est plus qu’incertain pour beaucoup. Pendant que la coalition des rebelles, pro Bozizé exigent son report, le président sortant et candidat à sa propre succession, Faustin Archange Touadéra galvanise le peuple à dire non à ceux d’en face, qualifiés d’ennemis du pays. Il mobilise son peuple au cours d’un discours à la nation, « à dire non à ceux qui veulent détruire la Centrafrique ». Ainsi, malgré le crépitement des fusils et surtout les menaces de la rébellion de marcher sur Bangui, les Centrafricains expriment leur citoyenneté pour choisir le président du pays et les 140 députés qui doivent siéger à l’Assemblée nationale. Il faut rappeler que le scrutin de ce 27 décembre 2020, est la première élection couplée organisée depuis la signature en février 2019 d’un accord de paix par le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés.

C’est donc la peur au ventre que des Centrafricains se sont rendus dans les urnes pour le choix du futur président et des députés. En fin de matinée, tout était calme avons-nous appris par voix de presse. La sécurité au niveau des bureaux de vote, était maximale. Malgré tout, les électeurs n’étaient pas des plus rassurés. Car, depuis l’instauration de l’aire Séléka, une coalition de groupes armés à dominante musulmane et les « antibalaka », milice chrétienne, ce pays de l’Afrique centrale est sous une guerre civile permanente. En rappel, l’ancien président François Bozizé a été défait en 2013 par la coalition armée Séléka. Cette élection était donc pour lui, une chance de revenir aux affaires pour diriger ce pays de près de 5 millions d’âmes. Malheureusement, la Cour constitutionnelle en a décidé autrement. Et le candidat recalé ne veut pas voir les choses de cet œil. Depuis lors, le pays est fortement agité par des affrontements entre pro et anti élection du 27 décembre 2020.  Des échanges de tirs dus à ces affrontements ont même coûté la vie à un Casque bleu camerounais de la mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations-Unies. Une mort que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres promet de sanctionner à la hauteur de la faute.

En attendant toute sanction possible, le peuple centrafricain s’est exprimé dans une élection très tendue. Le choix du président de la République centrafricaine dans cette situation est la preuve que la paix dans ce pays n’est pas pour demain (touchons du bois). Surtout que, si Faustin Archange Touadéra est réélu pour un second mandat de 5 ans. Ce qui est sûr, pendant que des citoyens s’expriment dans des urnes, certains prient Dieu pour ne pas tomber sous les balles des groupes armés qui promettent de marcher sur Bangui. Inutile donc de dire que tous les Centrafricains n’ont pu s’exprimer au vote du 27 décembre 2020. Quel avenir donc pour ce pays ?

Souro DAO