Centre médical urbain de Lafiabougou : Des contrats suspendus, le service au ralenti

Le Centre médical urbain (CMU) de Lafiabougou situé dans l’arrondissement n°6 de Bobo-Dioulasso comme la majeure partie des centres de santé de la ville, rencontre des problèmes liés à l’insuffisance de personnels soignants. Chose qui entraine une discorde entre le comité de gestion dudit centre de santé et l’équipe dirigeante.

Nous sommes alertés par un habitant du quartier Lafiabougou. Un homme d’un âge avancé qui s’est présenté dans notre rédaction pour nous faire cas de ses inquiétudes et nous mettre dans le bain par rapport à ce qui se passe au CMU de son secteur. Pour cet homme du 3e âge, fonctionnaire à la retraire, le centre de santé de son quartier qui faisait la fierté de plus d’un, car étant une référence dans la zone, ne l’est plus. Si bien que des résidents de son quartier qu’il a lui-même nommés «des déplacés internes sanitaires » sont obligés de se rendre dans d’autres centres de santé situés dans des quartiers éloignés afin de bénéficier de soins de santé appropriés et vite.

Et pour lui la situation devient de plus en plus inquiétante. Pour mieux la comprendre, nous décidons de prendre attache avec le président du Comité de gestion (COGES) du centre de santé concerné, Ousseni Diallo, ainsi que le médecin responsable des lieux, le Docteur Mory Amadou Zon. Ce dernier à son arrivée au CMU de Lafiabougou a résilié le contrat de deux agents de santé à base communautaire qui y officiaient.

«C’est suite au rapport de l’évaluation que j’ai mis fin aux contrats»

Pour le médecin responsable du CMU de Lafiabougou, Dr Mory Amadou Zon, médecin généraliste, le manque de personnel est criard et cela à tous les niveaux, mais les réalités du terrain ne sont pas à omettre. Toujours selon lui, les agents de santé communautaire qui assuraient les activités de la salle de pansement ont reçu un avertissement. Leur attention a été attirée à plusieurs reprises sur la question de la qualité des prestations. Chose qui n’est apparemment pas négociable avec le Docteur Mory Amadou Zon.

« Les agents de santé à base communautaire menaient des activités cliniques et des problèmes se posaient. Nous avons demandé une évaluation de la salle de pansement et des activités qui s’y menaient. Un rapport a été établi par l’équipe cadre du district. Le rapport a révélé entre autres que le matériel de pansement est dans un état défectueux par manque d’entretien. Le Poupinel a un défaut de fonctionnement. La non disponibilité de l’eau de javel dans la salle de pansement. Pour la qualité des prestations, le service est assuré par des agents qui n’ont pas la qualification requise. Pour les observations directes, les remarques suivantes ont été faites : le nombre élevé de fautes…, la non maitrise des techniques de pansement, de désinfection et de stérilisation du matériel ». Pour le Docteur Mory Amadou Zon, ce sont entre autres les raisons qui ont motivé la décision de résiliation des contrats. Et pour ce dernier, la qualité des soins est sans équivoque, et même s’il faut travailler en sous-effectif cela est mieux que de servir des soins de qualité douteuse aux patients.

« Je ne crois pas à ce rapport »

Pour Ousseni Diallo, cette décision est juste arbitraire et ce dernier réfute les conclusions de l’évaluation qui a été à la base de la rédaction du rapport. Pour lui, la qualification des agents de santé à base communautaire ne fait pas l’objet d’un doute, car ils ont une carrière professionnelle bien accomplie jusqu’à la retraite. Il poursuit en disant que si la situation persiste, c’est-à-dire le manque de personnel, les populations risquent de prendre leurs responsabilités, car ça murmure de partout. De ce qui est du comité de gestion du centre de santé, aux dernières nouvelles, la démission serait en vue car depuis leur élection en octobre 2022, ils ne sont pas encore entrés en fonction.

Aymeric KANI

Abdoul-Karim Etienne SANON