En ce début d’année 2023, Adama Bidiga, le Président de la Délégation spéciale de la commune de Bobo-Dioulasso a bien voulu répondre à quelques questions liées au développement de sa commune. Un tour d’horizon avec lui sur les marchés en construction, la question foncière… Lisez !
Monsieur le Président de la Délégation spéciale, une nouvelle année a débuté. Vous avez sans doute des vœux pour les habitants de votre commune ?
Pour cette nouvelle année 2023, mes vœux pour les citoyens de Bobo-Dioulasso sont la santé, la paix, la sécurité, la solidarité et la réussite dans les projets individuels ou collectifs.
La question foncière est préoccupante. Vous venez de mettre en place un comité ad hoc qui doit réfléchir sur des propositions concrètes de solutionnement de cette question. De quoi s’agit-il exactement ?
Vous le dites si bien : la question foncière est préoccupante et elle nous préoccupe beaucoup, au regard des difficultés que certains de nos citoyens vivent quotidiennement dans quelques secteurs de la ville. Cela nous a naturellement amenés à penser à une stratégie participative pour rechercher des solutions concrètes, réalistes et réalisables. Fort heureusement, nous avons la chance que le premier responsable de la Région des Hauts-Bassins a déjà posé les jalons en ayant commandité un rapport sur les problèmes fonciers de la ville de Bobo-Dioulasso, lequel rapport contient des recommandations fort appréciables, car constituant des pistes de solutions exploitables par la Délégation Spéciale Communale.
Pour la mise en œuvre efficace et consensuelles desdites recommandations, il nous a paru nécessaire de créer une structure qui va se charger de superviser le processus de résolution des problèmes fonciers dans chaque arrondissement, de contrôler ou de valider les solutions concrètes retenues par les acteurs avant leur mise en œuvre et surtout, de faire le lobbying, le plaidoyer ou des approches d’explication ou de facilitation auprès de certains acteurs, ministères, institutions ou autres organisations pour permettre au processus d’aboutir dans une clarté et une transparence totales. En fait, cette structure, nous l’avons dénommée « commission ad hoc de suivi de la mise en œuvre des recommandations du rapport sur les problèmes fonciers dans la commune de Bobo-Dioulasso ». Sa composition est assez cosmopolite et prend en compte toutes les sensibilités de la commune susceptibles d’influer sur la gestion foncière. Elle sera éventuellement appuyée dans certains arrondissements par des comités opérationnels coordonnés par les Présidents des Délégations Spéciales à qui incombe en premier lieu la gestion des problèmes identifiés avec la participation des acteurs concernés, notamment ceux qui vivent et ressentent les conséquences de ces problèmes fonciers.
Vous avez visité des chantiers de construction de marchés dans l’arrondissement 2 (deux marchés) et l’arrondissement 5 (un marché). Comment se déroulent les travaux ?
J’ai en effet visité les chantiers de construction du marché du secteur 17 dans l’Arrondissement n°5 et ceux d’Accart-ville et de Colma dans l’Arrondissement n°2. S’agissant de la visite effectuée en fin septembre 2022 sur le chantier de construction du marché du secteur 17, elle m’a permis de constater de visu l’état d’avancement des travaux qui sont à l’étape de finition. Des échanges que j’ai eus avec le Président de la Délégation Spéciale de l’Arrondissement n°5, il ressort que le processus de réception définitive de l’infrastructure est engagé et que dans les semaines à venir, les commerçants qui sont à jour de leurs engagements connaitront l’emplacement exact de leur boutique ou hangar. A ce niveau, je peux dire que tout se passe bien jusque-là. Concernant les visites faites le 06 janvier dernier sur les chantiers des marchés d’Accart-ville et Colma, elles font suite à une série de rencontres que nous avons eues avec les acteurs (commerçants, commission ayant conduit le recensement des commerçants sur les sites et les entreprises) desdits marchés le mercredi 04 janvier 2023 dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville. Ces rencontres ont permis à l’ensemble des acteurs de s’exprimer librement et de poser leurs préoccupations. Il faut souligner que sur le terrain, des incompréhensions avaient conduit certains commerçants à faire arrêter les travaux sur les deux sites.
Toutefois, les concertations du 04 janvier ont permis de s’accorder afin de permettre aux entreprises de reprendre les travaux sur le terrain. Il a été convenu que les commerçants libèrent les sites pour la poursuite des travaux et qu’une commission sera mise en place pour régler la question des attributions avec priorité accordée aux vrais propriétaires de boutiques et hangars initialement établis sur les sites. C’est suite à cet accord que le vendredi 06 janvier 2023 nous avons été en visite de chantier à l’effet de nous imprégner de la situation du terrain et rappeler à chaque acteur la nécessité de respecter les engagements pris. Ici, il y avait des difficultés qui empêchaient l’évolution des travaux qui n’étaient qu’à leur début mais à l’heure où je vous parle, les choses sont rentrées dans l’ordre.
Que devient le Projet de développement local durable de Bobo-Dioulasso (PDelD) dont le budget était apparemment bouclé ?
En rappel, le Projet de Développement Economique Local Durable de Bobo-Dioulasso (PDelD) a pour objectif de permettre à la Commune de Bobo-Dioulasso d’acquérir les moyens techniques et financiers pour dynamiser durablement l’économie locale. Il permettra d’une part, de réaliser des investissements qui stimuleront les circuits économiques locaux et d’autre part, aux populations de la commune d’avoir un accès amélioré à des équipements marchands de qualité, résilients face aux effets du changement climatique et adaptés aux besoins spécifiques des femmes.
D’un coût total estimé à 18 millions d’euros (11,81 milliards de FCFA), le projet est cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) à travers une convention de crédit d’un montant de 15 millions d’euros équivalant à 9,84 milliards de FCFA) et par l’Union Européenne à travers une subvention de 3 millions d’euros (1,97 milliards de FCFA). Les ressources seront rétrocédées à la commune de Bobo-Dioulasso qui assurera la maîtrise d’ouvrage du projet qui se traduira par la construction des marchés des secteurs 20 et 25 et des gares routières des secteurs 20 et 24. La signature de l’accord de financement du PDelD est intervenue le vendredi 21 mai 2021 à Ouagadougou entre le Gouvernement burkinabè, représenté par le Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement et l’Agence Française de Développement (AFD) représentée par le Directeur de l’Agence à Ouagadougou.
L’opérationnalisation de cette convention de crédit a nécessité la prise de deux (02) actes majeurs : d’une part, l’Ordonnance Présidentielle n°2021-021/PRES du 1er octobre 2021 portant autorisation de ratification de ladite convention et d’autre part, le Décret n°2021-1009/PRES/PM/MAECIABE/MATD/MINEFID du 13 octobre 2021 relative à sa ratification. A ce stade, nous sommes en train de travailler de concert avec les parties prenantes pour lever les contraintes juridico-techniques relatives à la rétrocession des fonds à la commune pour le démarrage concret de la mise en œuvre du projet qui couvre initialement la période 2021-2025. En un mot, le projet, malgré quelques difficultés, est toujours d’actualité et son démarrage effectif interviendra très prochainement avec l’appui des plus hautes autorités.
Un message particulier à lancer aux populations de votre commune ?
A l’endroit de la population de Bobo-Dioulasso, je demande : un accompagnement sans faille sur les différents chantiers de développement initiés par la délégation spéciale ; un regroupement des différentes structures associatives par domaine d’activités : ce regroupement rend crédible les acteurs et facilite l’accompagnement par la commune et les partenaires au développement ; la prise d’initiatives en faveur du développement local ; une prise de conscience face aux défis du moment en l’occurrence leur contribution à la lutte contre le terrorisme par la dénonciation de tous les actes suspects, le refus du gain facile ; fédérer tous les efforts afin de permettre le développement de la commune malgré nos divergences politiques et idéologiques. Je ne saurais clore mes propos, sans formuler mes vœux de prompt rétablissement aux blessés civils et militaires tout en m’inclinant devant la mémoire de tous ceux qui nous ont quittés du fait des actes terroristes.
Séri Aymard BOGNINI