Face aux coupures récurrentes d’eau dans la ville de Bobo-Dioulasso et suite aux multiples plaintes des populations, nous nous sommes entretenus, hier jeudi 14 mars 2024, avec le directeur régional de l’ONEA, Jean Ouédraogo. Dans l’entretien qu’il nous a accordé à son bureau, celui-ci explique les raisons.
Quelles sont les causes des coupures d’eau constatées actuellement dans la ville de Bobo ?
Particulièrement pour la ville de Bobo-Dioulasso, les perturbations ces derniers temps, depuis la semaine passée jusqu’à maintenant, sont dues à deux éléments essentiels. Les zones ciblées regroupent Belle-ville, les secteurs 24, 25, 26, et 31. Assurément, nous avons pu diffuser un communiqué hier (mercredi 13 mars : ndlr) à ce propos.
Pour ce qui concerne Belle-ville, nous avons un projet qui est presqu’en cours d’achèvement. Nous avons voulu tester la nouvelle station de pompage pour renforcer l’eau dans la ville. Ce sont ces essais qui sont à l’origine des quelques perturbations dans le réseau, occasionnant un manque d’eau dans le quartier. Mais cette situation s’est rétablie assez rapidement, même si nous assistons toujours à des poches qui manquent d’eau.
Par contre, pour les autres secteurs comme le 24 et le 25, les coupures d’eau sont dues à une panne d’équipement électromécanique dans notre centre de dispatching situé à Bolomakoté vers le monument du cinquantenaire. Mais la situation est entrain de se rétablir progressivement, puisqu’on a repris les pompages depuis hier matin (jeudi 14 mars : ndlr).
Il y a que nous assistons également à un autre phénomène. A l’entrée de chaque période chaude, il y a manque d’électricité et manque d’eau. Comme l’ONEA et la SONABEL sont des sociétés sœurs, nous allons continuer à travailler pour assurer la déserte d’eau. Donc une perturbation de l’électricité impacte fortement sur notre production. La SONABEL fait également de son maximum par assurer la continuité dans la fourniture de l’électricité et nous aussi on fait ce qu’on peut pour maintenir la production d’eau.
Quand est-ce qu’on peut s’attendre à la fin du calvaire des populations ?
La direction générale de l’ONEA fait de son mieux pour que le projet « Plan d’Action Prioritaire Eau Potable » (PAPEP) qui vise le renforcement de la capacité de production d’eau potable dans la ville de Bobo-Dioulasso puisse aboutir pour réduire considérablement les peines de la population. Normalement sous peu, les autorités les plus compétentes viendrons annoncer la fin du calvaire. On attend toujours les équipements complémentaires pour la mise en service, car c’est une station moderne. Il est vrai qu’il y aura de la manipulation directe, mais on pourra rester à Nasso pour télécommander des pompes jusqu’en ville. Mais d’ores et déjà, nous avons démarré au moins la production avec deux forages sur cinq. Ce qui fait qu’il y’a un apport substantiel de 750m3 d’eau supplémentaire actuellement. La production journalière qui était de 52.000m3 jour l’année passée actuellement à 13.000 m3 supplémentaires jour. Donc nous sommes actuellement entre 55000 et 56.000 m3 d’eau par jour en attendant la fin du projet. Pour atteindre la production globale pouvant satisfaire la population, nous devons tirer autour de 85.000 m3 et les autres forages viendront compléter ce manque à gagner.
L’ONEA compte abandonner la double facturation pour revenir à l’ancienne. Est-ce à dire que la double facturation a été un échec ?
Non, pas du tout (rire). C’est sur instruction du gouvernement que cette décision a été prise. Les autorités ont bien voulu que l’ONEA revienne sur l’ancienne facturation. Ce qui signifie qu’au lieu de passer relever les index des conteurs dans les ménages, chaque deux mois, on le fera chaque mois maintenant et l’activité a déjà démarré depuis le 1er mars 2024 et est en cours à Bobo, à Gaoua, à Banfora et à Orodara. Pour ce que concerne la direction régionale de Bobo, nous allons constater les effets, les plaintes éventuelles qui s’en suivront, les analyser et voir dans quelle mesure nous repositionner pour répondre mieux aux attentes du client. C’est vous rappeler que les instructions ont été bien reçues et sont en cours d’exécution.
On constate toujours des fuites d’eau dans la ville. Concrètement, qu’est-ce qui est fait par vos services pour minimiser ces pertes ?
L’an passé les fuites d’eau étaient dues à un phénomène spécial que nous avons pu résoudre et ça coïncidait souvent avec nos difficultés avec le prestataire qui nous fournissait la main d’œuvre. Il y avait des retards de payement et quand il y’a refus de travail à leur niveau, les fuites se multiplient. Actuellement, le nombre de fuites a considérablement réduit et nous avons eu quatre véhicules supplémentaires mis à la disposition de l’équipe avec quatre équipes de nouveaux collaborateurs qui sont venus pour renforcer le dispositif. On continue de résoudre ces fuites résiduelles. Notons qu’un réseau d’eau potable sans fuite, ce n’est pas possible. On ne peut que minimiser leur nombre et réduire le temps d’intervention. Nous n’avons pas de manœuvres directement liés à l’ONEA. Si on recrute à l’ONEA, c’est minimum le CAP ou le BEPC. Tout ce qui est main d’œuvre est gérée par un prestataire. C’est un choix stratégique de l’ONEA. Avant, ils n’étaient pas recrutés sur le compte de l’ONEA, mais on leur faisait des pointages et on les payait mais avec la loi, on ne pouvait pas continuer ainsi. Donc la formule était de confier à un prestataire qui les mettraient à notre disposition au besoin. Nous recevons actuellement des conduites pour renouveler les anciennes conduites. Les camions viennent de bouger ce matin pour aller prélever des conduites à Ouaga. On avait eu un certain retard dû à d’autres problèmes extérieurs, mais actuellement tout est entrain de rentrer dans l’ordre et de surplus, y a une activité que nous menons actuellement. Dans les anciens quartiers, nous faisons de longs branchements qui traversent les voies. Avec la configuration de la ville ces voies sont lessivées, ce qui endommageait souvent nos conduites. Nous faisons des reprises de branchements. Cela veut dire qu’au lieu de prendre un branchement d’un côté pour traverser la route pour venir donner au ménage qui est en face nous sommes obligés de placer des conduites parallèles pour minimiser le nombre de fuites. Plus de 50% des fuites étaient liées à cette situation.
Qu’en est-il du projet de compteurs intelligents de l’ONEA ?
Aux dernières nouvelles avec les équipes clientèles, les essais n’ont pas été à la hauteur de nos attentes. Nous continuons toujours à chercher. Parce que ce qui est magnétique et ce qui est hydraulique, le couplage souvent n’est pas facile. Pour ne brimer l’abonné ni l’ONEA, il faut toujours chercher l’équipement fiable. C’est ce que nous sommes entrain de faire.
Certains clients se plaignent régulièrement de la fiabilité du paiement par mobile money. Qu’est-ce qui est fait par l’ONEA dans ce sens ?
La direction générale avait invité les équipes de Orange Money, ils sont entrain de travailler sur ça de sorte que quand le client paie, il soit instantanément pris en compte. Le travail est en cours, il serait presque achevé. Mais, on invite aussi les clients à payer au moins trois jours avant l’échéance. Parce que si vous payez aujourd’hui par exemple à 12h et l’échéance c’est demain, si le système n’a pas pris en compte aujourd’hui ça passe directement dans la zone rouge. Il est préférable de payer trois jours en avance ou bien dès que vous recevez la facture vous devez payer. Nous sommes entrain de travailler pour améliorer les choses. Au niveau de l’application nous travaillons également pour une version améliorée. Bientôt vous pourrez faire une demande de branchement à distance. Si vous avez une connexion internet vous faites votre demande et le jour que c’est Ok, vous pouvez payer par Orange Money. Et on va vous dire telle jour on va venir faire le branchement chez vous.
Des clients se sentent régulièrement lésés par l’ONEA parce qu’ils estiment que leur facture n’est pas proportionnelle à leur consommation. Qu’en dite vous ?
En réalité les usagers ne sont pas faciles, parce que l’agent peut aller à des domiciles pendant 4 mois la porte est fermée, il ne communique pas ses index, on lui envoie un SMS pour qu’il envoie ses relevés d’index, il ne le fait pas. Lorsqu’on l’envoi le cumule de ses factures de quatre mois qu’il doit payer cela l’interpelle et il court pour venir se plaindre. Deuxième facteur, il y a des gens qui construisent nouvellement et ne se déclarent pas. D’autres facteurs majeurs plus graves, ce sont les fuites d’eaux internes. La qualité du matériel utilisé, c’est-à-dire que les martiaux utilisés pour les installations de plomberie ne sont pas de bonnes qualités, cela occasionne des fuites d’eau. Souvent on voit de la terre mouillée, les installations des WC ne sont pas ça, que l’on ne signale pas, des chuintes d’eau au niveau des robinets de la douche ou de la cuisine, tout cela ça ne fait que consommer. C’est de l’eau qui sort du conteur et tant que ce n’est pas réparé, cela augmente considérablement la facture. L’ONEA a toujours des approches pour accompagner ses personnes-là. Autre chose, c’est des familles nombreuses qui utilisent un seul compteur. En ce moment, l’utilisation fait que vous sortez de la tranche sociale. Par exemple, 4 familles dans une même cour qui s’associent sur un seul robinet, au lieu de rester dans la consommation des 10m3 où la facturation est moindre, vous partez dans les facturations industrielles. En ce moment, la facture est salée. Tout est une question d’approche qu’il faut pour sensibiliser. Le service de communication de l’ONEA est à pied d’œuvre pour arranger cela à travers des affiches et les spots de sensibilisation. Mais les plaintes liées à la facturation bimensuelle, on a pu réduire cela car on est revenu sur système mensuel.
Votre mot de fin
Je voudrais rassurer la population que les préoccupations ont été prises en compte et que les moyens ont été mis à notre disposition pour sensibiliser et la satisfaire dans ses requêtes.
Interview Ousmane TRAORE
Abdoul Kader GUIRE/Stagiaire