Nos gouvernants ont toujours l’art de banaliser les faits pour ensuite recoller les morceaux dans des discours populistes donnant lieu à la création de postes et d’institutions. C’est le lieu et surtout le moment pour nous de dire que la démission de Bassolma BAZIE n’est pas un non évènement. Deux considérations doivent attirer notre attention : la VALEUR de l’homme (Bassolma BAZIE) et l’AMPLEUR du syndicat qu’il représente.
De l’ampleur du syndicat
Bassolma BAZIE est le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), une confédération syndicale regroupant 12 syndicats nationaux et 70 syndicats d’entreprise. A côté du CGTB, il y a le Collectif syndical CGT-B qui est un autre regroupement de syndicats burkinabè ayant pour ligne le syndicalisme révolutionnaire de lutte de classes, constitué d’une centrale syndicale et de 9 syndicats autonomes avec Bassolma comme porte parole. Il faut admettre la réalité en face : la CGT-B est un syndicat fort ; toute la classe ouvrière burkinabè et l’ensemble des travailleurs lui reconnaissent des victoires qui ont amélioré leurs conditions de vie. Pensez-vous que ces militants vont du jour au lendemain abandonner leur leader tout simplement parce-ce qu’il a quitté la fonction publique ? Il faut se détromper. Bassolma lui-même le dit : «La lutte n’est pas contre la personne de BAZIE Bassolma mais contre le secrétaire général de la CGT-B». Et si tel est le cas, la fracture sociale revient de plus belle au lendemain de la formation du gouvernement Dabiré II.
De la valeur de l’homme
Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent : BAZIE Bassolma n’est pas n’importe qui. C’est un leader à forte une personnalité. N’en déplaise à ses détracteurs, il suffit de se rendre sur sa page Facebook pour s’en convaincre : 33249 abonnés au moment où nous arrêtions ces lignes. Affectueusement appelé «LE GENERAL», il le mérite par son patriotisme, son intégrité et surtout son sens élevé du travail bien fait. En bon gourounsi comme on le dit, l’homme sait payer le prix de la dignité et de l’honneur s’il le faut. Communicateur attitré, ce ne sont pas les mots qui touchent qui manquent : «Lorsque vous représentez des Hommes de valeur, vous avez l’impérieux DEVOIR de faire en sorte que votre prix soit l’HONNEUR. Par conséquent, un salaire ne doit en aucun cas être un moyen de chantage», signé Bassolma BAZIE. De toute évidence, l’homme attire des foules mieux, il est connu et côté pour des causes nobles. Il est bien hasardeux pour nos autorités de prendre à la légère cette démission. Pendant que le Chef de l’Etat prône la réconciliation nationale au de créer un ministère de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, l’heure n’est plus à des ruptures tout azimut.
Nous interpellons alors le Ministre en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. La réconciliation, c’est savoir aussi éteindre l’étincelle à temps, pas venir toujours en pompier. Zéphirin Diabré doit peser de tout son poids pour que le Ministre de fonction publique refuse cette démission. En droit burkinabè, le Ministre de la fonction publique peut refuser la démission d’un fonctionnaire. Les articles 184, 185 et 186 de la loi-081-2015 portant statut de la fonction publique régissent la démission du fonctionnaire et l’alinéa 3 de l’article 184 stipule que « Le ministre doit faire connaître dans un délai d’un mois, l’acceptation ou le refus de la démission… » L’alinéa 4 précise « Passé le délai indiqué à l’alinéa 3 ci-dessus, le silence vaut acceptation ». Mais naturellement, le sursaut d’orgueil humain fait que ce refus n’arrive jamais. C’est pourquoi nous estimons que le ministre en charge de la Cohésion sociale a un rôle à jouer dans cette démission. A son bilan, les visites à tel ou tel Naba ne suffiront pas.
A Bassolma BAZIE, vous devriez accepter cette clause compromissoire si elle devait arriver. Certes nous avez préservé un honneur et une dignité sans lesquels l’homme vidé de toute sa personnalité ; mais sachez que les politiciens zélés, on trouve toujours. Sans idéologie authentique, ils agissent juste pour plaire au patron et garder un poste. Partout vous serez, nous en sommes convaincus, vous servirez toujours l’intérêt général. Renoncer à cette démission, c’est aussi participer à la réconciliation nationale.
Bazamboe BADIEL/ Stagiaire