Dans notre rubrique de la semaine, nous avons rencontré la présidente de la Coopérative Faso textile (COFATEX), par ailleurs présidente de l’Union des tisseuses de la région des Haut-bassins (UDRHB), Djelia Sakandé/Konaté. Son profond attachement à son pays l’a poussée à mettre en lumière et à magnifier le textile. Découvrons son talent.
Agée de 52 ans et mère de six enfants, Djelia Sakandé n’a pas une vie du tout repos. Sa force de caractère, sa fierté, sa volonté d’aider les femmes et de valoriser le textile burkinabè, lui ont permis aujourd’hui de faire le métier dont elle est fière et qui l’aide à subvenir aux besoins de sa famille. Auparavant commerçante entre autres de cacahuètes, arachides, Djelia a décidé de se lancer dans l’artisanat du textile en 2003. En racontant son parcours, elle nous explique avec fierté qu’elle a choisi de faire ce métier sa profession, car il a beaucoup de valeur. Elle confie : « j’ai vu que l’artisanat, c’est un métier d’avenir pour moi. Avec ça, je pourrai me former, former mes enfants, mes proches, aider les femmes à sortir de la pauvreté, à s’auto-suffire pour aider leur famille. Si tu travailles dans ce milieu, tu es à l’aise et épanouie». Djelia est aujourd’hui présidente de l’Union des tisseuses de la région des Haut-Bassins (UDRHB) et présidente de la Coopérative Faso textile (COFATEX). Une unité de production née grâce à une coopération autrichienne avec le Burkina Faso sous la tutelle de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Les objectifs de cette unité s’inscrivent notamment dans le cadre de la lutte contre la pauvreté par la création d’emplois dans le secteur de la transformation artisanale et la promotion de la femme. Elle offre plusieurs types de produits finis, de tissus d’habillement, de tissus pour ameublement, linge de maison. Créée en 2002 sous le nom COTIBO, aujourd’hui COFATEX située à Bobo-Dioulasso a décidé de voler de ses propres ailes depuis 2005. Selon madame Sakandé, «la base de COFATEX est le grand métier à 4 pédales. Tu peux faire sortir le tissu de 1m à 1,40 m de large. On peut faire beaucoup de production, car l’entreprise a plus de 15 grands métiers et l’un de ces métiers peut travailler au moins 50 à 100 mètres par machine. Notre fil, c’est du coton pur 100% burkinabè. COFATEX compte 47 membres dont deux hommes». Djelia ne se plaint pas de son métier, néanmoins elle relève quelques difficultés, notamment le problème de local. « Mon souhait actuellement, est que les autorités nous aident.
Mon objectif, c’est d’agrandir COFATEX, recruter beaucoup de femmes, des jeunes filles. Mais je ne peux pas, car nos locaux sont restreints. On a beaucoup de filles abandonnées, plein de femmes qu’on forme. Chaque jour que Dieu fait, les femmes viennent demander de l’emploi, on ne peut pas les aider. Je n’ai pas de local, notre local actuel nous a été donné par l’UROPA qui est devenue Fédération régionale des organisations professionnelles des associations des artisans des Hauts-bassins (FEROPAA). Sinon je ne sais pas ce que COFATEX allait devenir car en 2015, le bailleur nous disait de quitter sa cour. Alors que notre matériel, on ne peut pas ramasser aller mettre dans une cours habitée. Il faut que ce coin ne soit fréquenté que par nous. Ce sont de grandes machines, ce n’est pas facile». Puis d’ajouter, «En tout cas, je remercie l’Union européenne qui est venue nous aider. On avait construit sur fonds propre, elle est venue voir notre travail, l’a apprécié, mais elle a trouvé qu’on n’était pas en sécurité. Et elle est venue investir et bien construire notre local, mais il est petit. On ne peut pas aider beaucoup de femmes. Les autorités n’ont qu’à nous aider, car on veut lutter contre la pauvreté. Il faut qu’on nous aide à aider ces femmes là. On a bénéficié de formation, on peut les aider aussi à faire comme nous. Si toutefois Dieu m’aide à avoir un grand coin, je veux aider les femmes à être indépendantes financièrement. À COFATEX, on forme les femmes gratuitement, on les prend aussi et on les paie un peu». Djelia Sakandé pense que l’entreprenariat féminin est une grande chose au Burkina Faso, car c’est la femme qui construit la Nation. «Si tu entreprends, avec la persévérance tu seras épanoui. Personnellement, je suis fière de moi-même, car j’ai aidé beaucoup de femmes qui aujourd’hui sont autonomes. Je suis contente de cette fibre entrepreneuriale en moi», a-t-elle laissé entendre.
Aïcha TRAORE