Elections présidentielle et législatives 2020, on y va !

Avec l’investiture officielle du candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (Roch Marc Christian Kaboré, candidat à sa propre succession) et le refus de la quasi-totalité des partis politiques d’un quelconque report des législatives, on peut dire que le cap est désormais mis sur les élections couplées de novembre 2020. Sauf cataclysme ou cas de «force majeure». A moins aussi que le chef de l’Etat, usant de ses prérogatives, en décide autrement. Ce qui n’est pas sûr car lui-même, pour pouvoir continuer de diriger le pays dans la légalité et dans la légitimité indispensables après la fin de son mandat en cours, a besoin d’être réélu. De même que les députés, même si la loi autorise une prolongation de leur mandat.

C’est dire donc que l’atmosphère politique va prendre une certaine température dans les jours ou mois à venir. En tout cas au regard des moyens qui ont été déployés (sur le plan de l’organisation, de la mobilisation et surtout de la communication) pour investir Roch, le MPP et ses alliés au sein de l’Alliance des partis de la majorité présidentielle préviennent leurs adversaires de ce que sera la suite des événements. La campagne elle-même en passant par la pré-campagne. Autrement dit, rien ne sera laissé au hasard pour faire triompher Roch dès le premier tour. Car, un second tour pourrait lui être préjudiciable.

Les adversaires de Roch sont donc prévenus. Zéphirin Diabré, qui ne compte pas, pour la troisième fois (après 2010 face à Blaise Compaoré et 2015 face à Roch Marc Christian Kaboré) ne voudra certainement pas faire de la figuration. En attendant son investiture officielle, il compte jouer gros. Malheureusement, le départ de treize de ses députés risque de lui ôter des voix. A moins qu’un dispositif de reconquête de toutes ces voix ait été mis en place. Il lui reste (Zéphirin) à disposer des moyens financiers indispensables dans une campagne présidentielle.

Eddie Komboïgo qui va prendre part, pour la première fois, à une élection présidentielle en tant que concurrent pourrait jouer les trouble-fêtes et grignoter de nombreuses voix s’il fait un bon casting. Son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a les ressources humaines (anciennes comme nouvelles), refusées par le MPP dès son arrivée au pouvoir, qui peuvent lui assurer une bonne place dans le classement au soir du 22 novembre. Comme Zéphirin Diabré, lui aussi a besoin de moyens financiers pour assurer une bonne campagne.

Quant aux nombreux candidats (Kadré Désiré Ouédraogo, Tahirou Barry, Abdoulaye Soma, Yacouba Isaac Zida, Gilbert Noël Ouédraogo, etc), ils contribueront dès le premier tour à effriter les voix des grands candidats. Ce qui pourrait contraindre à un second tour pendant lequel, ils seront courtisés par les deux qui arriveront en tête après le premier tour.

En outre, le couplage de la présidentielle avec les législatives risque de jouer un mauvais tour à certains candidats, notamment ceux de la majorité dont la réélection constituera un grand défi. Les législatives viendront en second plan.C’est pourquoi, chacun doit se faire des priorités et ouvrir ainsi le jeu.

Dabaoué Audrianne KANI