Front social, les simples menaces d’Abdoulaye Mossé !

Le danger pour un pouvoir en place, c’est de descendre dans la rue avec les opposants politiques ou les organisations syndicales. Pour manifester ou contre-manifester. Car, rarement les pouvoirs ont réussi sur ce terrain. Même si nul n’a le monopole de la rue, celle-ci ne constitue par un terrain approprié pour un pouvoir élu de s’exprimer. Aussi, faut-il comprendre que le député Abdoulaye Mossé ne fait que de simples menaces quand il dit «nous allons dire à Roch de se mettre de côté; nous aussi nous allons frapper chirurgicalement et on va avancer, s’ils vont venir sur le terrain politique».

Il est indéniable que des efforts ont été faits sous le régime de Roch pour améliorer les conditions de vie et de travail des agents de la fonction publique et du parapublic. Si malgré tout il y a des revendications, c’est au pouvoir de faire une véritable lecture de la question et de lui apporter des réponses. On ne peut quand même pas affirmer que tous les travailleurs qui vont en grève, qui observent des mouvements d’humeur ou des sit-in le font pour des questions purement politiques ! A l’approche des élections législatives et de la présidentielle, il serait très hasardeux pour le pouvoir d’ouvrir un quelconque front avec les organisations syndicales. Même s’il estime qu’il a le soutien d’autres organisations syndicales et de la société civile. Car, on sait quand on ouvre un front, mais on ne sait pas quand il prendra fin. Surtout que l’objectif ici est de faire réélire un président qui, s’il passe, aura encore à faire au même front social. Si ces menaces sont destinées aux politiciens cagoulés, comme il les désigne, c’est qu’il les connaît. Autant les nommer et les traiter comme tels.

Au cas contraire, ces déclarations viendront durcir le ton des syndicats qui font parfois dans la provocation.

Il est toujours souhaitable qu’entre le pouvoir et les organisations syndicales, le dialogue soit permanent et franc. Les patrons des syndicats savent très bien quelles sont les limites de l’Etat en matière de gestion des ressources nationales. En principe, ils ne doivent pas revendiquer au-delà du possiblement faisable. Car les ressources de l’Etat ne sont pas seulement faites pour le pain et le beurre des seuls fonctionnaires. Mais, elles doivent servir à l’ensemble des Burkinabé, dont les plus nombreux ne travaillent pas dans la fonction publique.

Dabaoué Audrianne KANI