Notre rubrique de cette semaine s’intéresse à la diva de la musique burkinabè, Idak Bassavé. Mère d’une petite fille, Kadi Bassavé de son vrai nom est la deuxième née de la famille Bassavé ayant constitué dans les années 1980 le célèbre groupe musical « La famille Bassavé ». Elle est celle-là qui jouait le clavier et chantait. Elle revient sur son parcours, sa vision de la musique burkinabè et son avis par rapport à l’entreprenariat féminin.
Quelle est l’actualité musicale de Idak Bassavé ?
Idak Bassavé a sorti son dernier album, ça fait bientôt deux ans. Donc je fais des tournées, des prestations. Bientôt, j’ai une chanson de mariage qui va sortir parce que je joue beaucoup dans les mariages. On peut dire que les activités aussi ont été stoppées à cause de la situation sanitaire, parce que j’ai des prestations entre autres au Sénégal et aux USA qui ont été annulées.
En quelle année avez-vous décidé d’évoluer en solo et combien d’albums avez-vous à votre actif ?
C’est en 1998 que j’ai décidé d’évoluer en solo. C’est vrai que papa avait beaucoup de projets avec la famille. ça n’a pas marché, c’était un peu compliqué. En 1999, j’ai décidé d’aller à Abidjan, accompagnée de ma petite sœur Safoura à la recherche d’un producteur. Comme la famille Bassavé était connue là-bas, on a mis un mois pour trouver un producteur. Aujourd’hui, j’ai 7 albums à mon actif dont « Saf » le 6ème dédié à ma petite sœur Safoura et le 7ème « Wisewiè » (grâce à toi en sissala). Le choix de ce titre, parce que j’ai traversé une période très difficile. Après avoir perdu mes deux parents successivement et mes deux sœurs en 3 mois et demi (ma petite sœur et ma grande sœur), il fallait me saigner pour pouvoir continuer, car c’était très difficile pour moi. Je chante beaucoup la paix, le Burkina Faso parce que j’adore mon pays. Ma musique, c’est du tradi-moderne. J’insère toujours les instruments du terroir. Quand je compose une musique, tant qu’il n’y a pas un instrument du terroir dedans, je ne me sens pas.
Vous êtes née et avez grandi dans la musique. Quel regard avez-vous de la musique burkinabè ?
J’apprécie l’évolution de ces jeunes qui sont là, parce que ce que nous faisons leur a donné du courage à venir dans le milieu. Bien vrai que nous aussi, on a regardé d’autres. Je suis très heureuse de voir que la relève est là et que ces jeunes se débrouillent très bien. Je voudrais juste les encourager à continuer, mais qu’ils sachent qu’il y a des devanciers qui sont là. C’est bien de toujours respecter les ainées. Moi particulièrement, je n’ai pas de problème avec quelqu’un. J’aime tout le monde, je respecte tout le monde, même mes petites sœurs. Car pour qu’on te respecte, il faut respecter les autres.
Quelle image gardez-vous de vos parents et de votre feue petite sœur Safoura Delta ?
L’image que je garde de ma petite sœur, pour moi, Safoura Delta est toujours là. Son départ, c’est vrai ça a été choquant et terrible pour moi. Dieu seul sait comment j’ai pu supporter cela. Elle était une petite sœur pour moi, une collègue, mais c’était une amie, une confidente. On était toujours ensemble. Donc, me retrouver seule dans la maison, c’était très difficile. C’est choquant mais c’est la vie. Ça a beaucoup choqué ma fille, car elle était beaucoup plus collée à Safoura qu’à moi. Mes parents me manquent beaucoup aussi. Je peux peut-être dire ma mère, car elle est partie trop tôt. Elle ne m’a pas vue évoluer, mais papa, lui m’a vue me débrouiller au début. C’est ma mère qui n’a vraiment rien bénéficié de sa fille. Mais je me dis que c’est la vie, ce qu’on donne aux autres, c’est comme si ça va à elle.
Quel est votre rêve d’artiste ?
C’est de devenir encore une grande star, de voyager beaucoup. J’ai tellement envie de connaître beaucoup d’autres pays avec ma musique, de pouvoir apporter ma musique à l’international comme je l’ai fait avec d’autres. Je veux aussi pouvoir représenter mon pays, le Burkina Faso, dans beaucoup de contrés comme je l’ai fait un peu partout en Afrique du sud, au Mali, en France, aux USA entre autres. C’est vraiment intéressant.
À part la musique, que faites-vous comme autres activités ?
À part la musique, Idak pour le moment ne fait rien. J’ai essayé d’investir dans l’immobilier parce que je me suis dit que ça au moins c’est garanti. Après ça, je verrai ce que je peux faire. Car si tu fais quelques et que toi-même tu n’es pas sur place, si tu ne fais pas attention, c’est comme si tu l’avais fait pour quelqu’un d’autre. Après avec le temps, quand je vais tout mettre au propre, je verrai ce que je peux faire comme autre activité. J’ai également une association. Idak est une personne sensible. J’ai créé une association appelée « Association Bassavé » qui ne s’occupe que des enfants. Parce que j’ai été très tôt orpheline, donc je me dis qu’il y a des enfants orphelins qui sont dans les difficultés. On essaie de les aider. En 2018, on a organisé un arbre de Noël, les enfants étaient vraiment contents. Vous savez, si vous faites quelque chose pour les enfants, surtout avec bon cœur, ça ne peut que donner. Bientôt, on va organiser un arbre de Noël le 31 décembre prochain pour leur faire plaisir. On va aussi leur offrir des vivres.
Que pensez-vous de l’entreprenariat féminin ?
Les femmes ont décidé de se battre de nos jours. C’est parce que la vie est devenue tellement chère. On ne peut pas dire que nos hommes ne peuvent pas mais, quand ça devient trop chargé, c’est difficile de pouvoir aussi satisfaire la femme, lui donner tout ce qu’elle veut. C’est pourquoi elles décident de se battre. La femme pense à ses enfants, mais une femme se bat également pour pouvoir soutenir son mari. Il y’a des maris qui perdent souvent leur boulot. Si la femme travaille, ça peut aussi aider la famille. Donc il faut carrément qu’on se soutienne. Je pense que beaucoup d’hommes ont déjà compris cela. En tout cas, je félicite toutes ces femmes qui se battent jour et nuit pour pouvoir s’occuper de leur famille.
Aïcha TRAORE