Cinq jours après la fin de la mission du Premier ministre Christophe Marie Joseph Dabiré et la dissolution de son gouvernement, le Burkina Faso n’a pas encore de Premier ministre, ni de gouvernement. En tout cas au moment où nous mettions sous presse la présence édition (hier lundi 4 janvier), aucune nomination n’avait été faite dans un sens comme dans un autre. Si bien que les Burkinabè se demandent si Roch Marc Christian Kaboré veut encore nous faire le coup de 2015. Année à laquelle il avait fallu attendre plusieurs semaines après sa prestation de serment pour qu’un Premier ministre soit nommé. Et ensuite un gouvernement.
Si, malgré leurs préoccupations pressantes dont leur président en est bien informé les Burkinabè doivent encore attendre longtemps avant de se mettre au travail, c’est qu’il y a problème. Ce d’autant plus que le président lui-même dans son discours d’investiture avait appelé ses compatriotes à se mettre au travail. Ce temps mort auquel on assiste n’est pas pour rassurer.
D’ailleurs qu’est-ce qui bloque la nomination d’un Premier ministre et la composition d’un gouvernement ? La question est bien légitime, car rien ne peut et doit expliquer ce temps mort. Roch a été bien élu. Autrement, il n’a pas à négocier une majorité comme ce fut le cas en 2015. Rien qu’avec les treize députés du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), il a la majorité absolue. Si on doit y ajouter les députés des partis satellites qui ont travaillé avec lui au cours de son premier mandat, il n’y a plus rien à négocier. A moins que justement ce ne soit avec ces mêmes partis que ça bloque.
En effet, si chacun veut obtenir une grosse part du gâteau alors qu’il y a suffisamment de convives, il est clair que le partage est difficile. Certainement c’est ce qui coince. Ensuite, si Roch Marc Christian Kaboré veut réellement travailler à réconcilier les Burkinabè, il va falloir qu’il convainque les caciques de son parti à s’inscrire dans cette dynamique. Eux dont certains et non des moindres sont toujours braqués et ne veulent rien ni entendre ni comprendre. Il y en a aussi qui estiment que si certains de l’opposition doivent être appelés dans un gouvernement, eux ils perdront leurs avantages. Aussi, c’est tout naturellement qu’ils soient opposés à une quelconque ouverture.
Et pourtant, le gouvernement qui doit être formé doit refléter à tout point de vue les objectifs que s’est fixés le président du Faso. Autrement dit, s’il doit avoir réconciliation, cela doit se traduire dans la composition du gouvernement. Dans lequel, on doit effectivement avoir cette coloration politique, symbole fort vers une véritable réconciliation. A moins que ce soit l’opposition qui refuse de composer dans un gouvernement dont il ne voudra pas être comptable des actes dans les années à venir.
Dans tous les cas, le président Kaboré ne peut plus attendre encore pendant longtemps avant de mettre en place un gouvernement. Ce ne sont pas les hommes capables d’assumer leurs responsabilités à ce niveau qui lui manquent.
Dabaoué Audrianne KANI