Moussa Yaméogo, natif de Bobo-Dioulasso, s’est spécialisé dans la fabrication de meubles et autres accessoires à base de pneus et de chambres à air usagers depuis 2019. Nous avons été dans son atelier, sis au secteur N°6 de Bobo, quartier Kuinima, le 27 juillet 2023.
Des pneus, des chaises et des pots de fleurs en finition, c’est ce qu’on aperçoit de prime abord à l’atelier de Moussa Yaméogo, où se manifeste son génie créateur. Il est le responsable de l’atelier de recyclage Esprit 2 Naza. Muni de machine électrique, Moussa Yaméogo, s’attèle à couper des pneus usagés avant de les modeler en chaise quand nous arrivions sur les lieux.
A côté de lui, à genou, perceuse en main, Emmanuel Nikiéma perfore et visse des pneus en l’état, les uns contre les autres, avec dextérité. Ceux-ci serviront de clôture. Une fois cela terminé, il se joint à Moussa Yaméogo pour la confection des chaises. Ce métier est un art. Il demande beaucoup de force physique et d’attention au risque de se blesser.
Après les salamalecs, Moussa Yaméogo, nous met au parfum de son métier. En effet, il le doit à un ami qui le lui a appris. « C’est un ami qui a vu ce travail au Ghana et m’en a parlé. Vu que j’étais sans emploi, je n’ai pas trouvé d’inconvénient à cela. Je lui ai demandé de se faire former. Là à son retour, il va m’apprendre la confection de chaises à partir de pneus usagés. Chose qu’il a acceptée », confie Moussa Yaméogo.
A l’entendre, une partie de la matière première qu’est le pneu, est achetée auprès des vulgarisateurs à raison de 100 FCFA en fonction de leur état. Aussi, il dit ramasser d’autres pneus qui trainent dans les quartiers. Une fois la matière première acquise, elle est découpée, vissée en fonction de l’outil à fabriquer. Puis lavée, meulée pour ne pas que ça blesse et enfin peinte, explique-t-il. Le prix d’un salon aux dires de Moussa Yaméogo, varie entre « 50 000 FCFA et 500 000 FCFA », celui des chaises entre « 10 000 et 15 000 FCFA » et des pots de fleurs « de 2 000 à 30 000 FCFA » en fonction de la qualité.
A l’instar de toute autre activité, il n’a pas manqué d’évoquer les difficultés auxquelles il fait face. « Le travail est très difficile. Nous utilisons des machines qui coûtent chers. Malgré cela, il y a des gens qui n’accordent pas du crédit à ce que nous faisons. Nous avons également besoin d’un emplacement stratégique pour notre atelier », dit-il. Parlant de l’affluence, il affirme que « le travail est fait en fonction des commandes. Actuellement, il y a une équipe qui travaille en ville car nous sommes au nombre de 11 personnes. On fait des installations dans les garderies, les maquis et bien d’autres lieux ».
Si les produits sont prisés par de nombreux clients qui n’hésitent pas un seul instant à passer commande et payer les frais, d’autres cependant voient en ces ouvrages des déchets et que le prix est de trop. Dans les jours à venir, « je voudrais faire de cet atelier, une grande entreprise, embaucher des ouvriers, faire connaître le métier de recyclage des pneus à travers le monde et pérenniser l’activité », souhaite-t-il. Pour Emmanuel Nikiéma, collaborateur de Moussa Yaméogo, « ce travail de recyclage est favorisant et contribue à l’assainissement de la ville en ce sens qu’on donne de nouveaux visages aux outils défectueux. A travers cela, nous contribuons à la protection des populations ».
Norrockom Edwige KAM/Stagiaire