Laurent Blaise Kaboré, candidat à la présidence de la FBF : « Sita Sangaré m’avait dit, prépares-toi… »

Tout portait à croire qu’il était le candidat qui devrait faire l’unanimité au niveau du comité exécutif sortant au poste de président de la FBF. Mais les choses ne se sont pas passées comme l’espérait Laurent Blaise Compaoré. Le secrétaire permanent du comité de politique fiscale a dû forger sa candidature à travers les écoutes, les communications et les analyses avant de la déclarer officiellement au poste de président de la FBF. Avec l’accompagnement de son service de communication, il nous a accordé un entretien dans lequel il évoque largement sa candidature et sa vision pour le football. Laurent Blaise Kaboré évoque aussi les raisons de sa candidature un peu tardive et son souhait de voir la famille du football burkinabè unie. Tout dans cet entretien.

D’entrée de jeu, dites-nous Laurent Blaise Kaboré, quel est votre parcours sportif?

Je suis actuellement premier vice-président de la Fédération burkinabè de football. Je suis également président en exercice de l’Union sportive de Ouagadougou. Et comme tout jeune de mon âge le football a commencé depuis les années 70, quand j’étais au primaire. Je crois que lorsque nous sommes dans ce domaine, c’est la passion qui domine le plus. Jeune pratiquant avec les ballons moulés de chiffon, nous l’avons pratiqué dans les rues de Ouidi. Chemin faisant, j’ai fait l’école à Pogbi, juste à-côté de Larlé d’où mon intéressement à l’Union sportive de Ouagadougou. Tout comme les jeunes de mon âge, chacun s’identifiait à l’équipe de son quartier. Chez nous, c’était d’abord les Aigles de Larlé, ensuite l’USO. A ce moment-là, il n’y avait pas d’équipe minime, nous avons tous joué avec les petites catégories de l’USO. Ce qui nous permettait d’avoir un brassage des jeunes de Kolg-Naaba, de Ouidi, de Larlé et de Baonghin pour faire de l’Union Sportive de Ouagadougou, une famille. C’est ainsi que la passion du football est demeurée en moi.

Pour la gestion du football, c’est dans les années 84 que j’ai commencé à m’y intéresser parce qu’élève, nous avions participé à l’OSEP et aux différentes compétitions; mais à partir de l’Université cela devenait très difficile. Donc j’ai préféré me jeter dans la gestion du football, au niveau de l’encadrement technique au lieu de rester acteurs sur le terrain. C’est à cette période que j’ai commencé à travailler avec le trésorier Sanogo Mady et avec un grand-frère à l’USO, Laurent Ouédraogo, ancien gardien du Stella Club d’Abidjan. Il était rentré et avait repris du service à l’USO. L’USO par décret en 1991-1992 est descendue en deuxième division et est revenue dans les années 1998. Et de 1998 à maintenant, chaque année, je fais partie du bureau exécutif de l’USO. De trésorier en 1998, je suis aujourd’hui président du bureau exécutif, section football.

Vous avez aussi été dans le comité exécutif de la FBF. Dites-nous qu’est-ce qui a motivé votre candidature?

Je suis dans le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football depuis 2016. Ma passion, c’est le football. Et lorsque vous y êtes et vous êtes passionné, vous allez plus loin et lorsque vous n’êtes pas passionné, vous laissez tomber. C’est comme cela que vous voyez des gens qui, du jour au lendemain, quittent le football. C’est parce qu’ils n’avaient pas la passion. Moi, j’ai voulu être dans le comité exécutif en 2016, tout simplement parce que j’ai jugé qu’il était temps que j’apporte aussi le peu de ce que je sais faire dans le management du football au Burkina Faso. Voilà ce qui a guidé l’accompagnement du Colonel Sita Sangaré qui avait déjà fait de bons résultats, depuis 2012. Et nous avons jugé nécessaire de l’accompagner pour le mandat 2016-2020.

Vice-président de la FBF, on vous attendait naturellement à la succession du président Sita Sangaré avec le soutien de toute l’équipe; apparemment ce n’est pas le cas. Qu’est-ce qui vous a divisés pour qu’on assiste à plusieurs candidatures dans votre équipe dirigeante sortante?

Permettez-moi de dire qu’à la tête de la Fédération, on ne succède pas à un président. Le président est élu et pour être président de la Fédération on n’a pas besoin qu’un homme vous désigne. Mais pour ce qui nous concerne, j’avoue que nous nous sommes entendus depuis 2017; et ce n’est pas moi qui l’ai demandé. Je n’avais jamais ambitionné de devenir président de la Fédération. En 2017, avec Sita Sangaré, nous avons discuté et il m’avait dit en son temps qu’il n’allait pas briguer un troisième mandat. Il rentrait tout juste du Gabon où les Étalons avaient fait bonne figure. Il m’a dit: «Laurent je ne ferai pas un troisième mandat. Si d’aventure je devais le faire parce que j’estime que deux mandats c’est suffisant, prépares-toi, fais-toi connaitre, tu vas être le prochain candidat à la présidence de la Fédération burkinabé de football». De janvier 2017 jusqu’à l’année dernière, on était resté en phase sur cette promesse. Mais malheureusement ou heureusement selon les conditions, Sita Sangaré était candidat accepté et refusé en moins de 24 heures. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Sita Sangaré n’est plus candidat à la fédération burkinabè de football. Qu’à cela ne tienne, tous les membres fédéraux, jusqu’aux manœuvres, tous peuvent postuler pour la présidence de la fédération burkinabè de football. Dire que cela nous divise, moi je pense que non. Peut-être ce sont ceux qui pensent qu’obligatoirement le comité exécutif doit avoir son candidat qui parlent de division. De mon côté, moi je vois le cheminement normal d’un homme qui ambitionne être le président de la fédération burkinabè de football. Je n’ai pas jeté un pavé dans la marre, tout simplement j’ai touché du doigt là où ça fait mal; parce qu’au Burkina Faso, lorsque nous sommes dans un milieu ou certaines personnes se sentent assez bien, le changement est difficile. On était trop habitué à la gestion de Sita Sangaré, je pense que ça doit être un peu de frustration ce qui nous empêche de travailler main dans la main, actuellement.

On attendait plus tôt l’annonce de votre candidature; elle est arrivée, après beaucoup d’autres. Qu’est ce qui a retardé votre candidature?

L’envie était là, bien avant que les cinq autres n’annoncent leur candidature. Vous avez bien utilisé le mot «retardé». Je puis vous dire que c’est simplement le temps que nous avons pris pour concerter un certain nombre de personnes. Le temps que nous avons pris pour jauger la situation afin de ne pas commettre des erreurs. Lorsqu’on a refusé l’autorisation de candidature de Sita Sangaré au niveau de l’armée, nous avons tous été choqués mais ce n’est pas pour autant qu’on devait se laisser abattre. Je sais que j’étais pressenti pour être candidat à la place de Sangaré. Mais que cela ne tienne, j’ai été comme tout le monde y compris vous de la presse, surpris de voir dans un journal de la place, que Lazare Banssé était un candidat à la présidence de la fédération burkinabè de football et qu’il avait le soutien de Sita Sangaré. Vous savez, en de pareilles circonstances, il ne faut jamais réagir à chaud. Quand bien même on est frustré, il faut prendre un peu de recul, savoir juger la situation avant de se décider. La frustration ne devrait pas nous pousser à poser des actes que nous allons regretter plus tard. Voilà pourquoi nous avons pris le temps de nous concerter, de rendre visite à certaines personnes pour recueillir leurs avis, d’évaluer nos forces avant de nous lancer à la bataille. Vous ne pouvez pas dire que vous êtes candidat à la candidature, si vous n’êtes pas certains d’avoir des appuis. Voilà pourquoi cette candidature n’est pas venue au moment où vous l’attendiez.

L’USO et l’AS-Douanes affirment soutenir votre candidature. Avec seulement deux clubs, comment pensez-vous remplir les conditions de validation de votre candidature?

Dites-moi, est-ce qu’il y a un candidat qui parle de parrainage de ligues et de clubs pour sa candidature? Il en est de même chez moi! Moi ce sont mes deux clubs d’origine. Je suis de cœur avec l’USO parce que c’est mon club depuis mon enfance. Je suis de cœur avec l’AS-Douanes parce que c’est le club de mon service. Ces deux clubs ne peuvent pas porter simplement les parrainages de ma candidature. Sachez que toutes les conditions doivent être réunies pour que nous puissions aller aux élections. Ces deux clubs portent la candidature, mais pas tout le parrainage.

Quels sont les grands axes stratégiques de votre campagne?

Mon programme de campagne, il est tout simple. Je suis comptable de gestion d’une structure fédérale qui est en fin de mandat. Je veux dire de 2016-2020, le Colonel Sita Sangaré a géré la fédération avec moi comme premier vice-président et les autres. Donc je suis comptable de sa gestion. Mon programme se base sur les acquis du football burkinabè que nous devons consolider avant de repartir vers de nouveaux horizons. C’est en cela que je dis que nous devons penser à rassembler d’abordla famille du football burkinabè. Si vous voulez travailler pour le développement du football burkinabè aujourd’hui il faut rassembler la famille. Il y a trop de malentendus, trop de supputations, les cœurs sont meurtris. Et aujourd’hui, sans communication, nous ne pouvons pas rétablir certains faits. Ce n’est pas une justice mais simplement que l’on se retrouve autour d’une table pour travailler. Ce sera la première des actions que je vais mener si je suis élu à la tête de la fédération. Les acteurs du footballeur burkinabè ont besoin de dirigeants qui s’asseyent ensemble pour regarder dans la même direction.

Cela veut dire que vous allez faire des alliances?

Si je suis élu, je ferai en sorte que nous puissions nous asseoir pour parler le même langage. Nous sommes dans la mondialisation et le football est une industrie. Au Burkina Faso, nous avons quatre clubs qui donnent le ton sur le business. Mais faut-il attendre que ce business vienne nous trouver ou faut-il se préparer et aller vers ce football-business? Il est utopique de croire que nous pouvons entrer dans un football mondial où l’on brasse des milliards sans préparation Et nous, nous fixons pour objectif de travailler de sorte à ce que nos clubs puissent ressembler un tant soit peu aux clubs internationaux. Je veux parler de l’organisation de ces clubs. Avec la loi d’orientation du sport du ministère des Sports et des Loisirs, nos clubs ont intérêt à réfléchir sur cette question. Sur précisément comment transformer les clubs associatifs en entreprises. Il est très difficile aujourd’hui de parler de cela. Mais il faut avoir le courage d’aborder la question pour que les gens puissent comprendre. Il faut d’abord, travailler au niveau des clubs pour que l’on puisse savoir ce qu’est une entreprise. Il faut mettre dans la tête des gens comment le football peut se développer. Il ne faut plus de mécènes mais des investisseurs. Je veux dire qu’on n’a pas besoin de milliardaires, on a besoin que chacun mette un franc dans le panier pour que le football puisse avancer. Tout simplement on n’a plus à faire au footballeur amateur. On ne joue plus au ballon pour le plaisir de jouer. Mais parce qu’on a quelque chose à gagner.

Dans notre programme, il est prévu que nous organisions ce domaine qui est celui des acteurs principaux du football pour que dans l’entreprise cela puisse prendre. Ce qui est aussi essentiel pour nous, c’est de continuer les investissements qui sont faits sur le plan national pour le football. C’est de travailler aussi avec le ministère des Sports et desLoisirs afin que nous puissions avoir des infrastructures de qualité si nous voulons un football de qualité.

La formation est un point saillant de notre programme parce que, que ce soit au niveau des acteurs du terrain, ils ont besoin de formation continue et de renforcement de capacités, tout comme les dirigeants ont besoin qu’on leur donne les b.a.-ba de la gestion d’un club de football. Il en est de même pour nos arbitres qui sont les juges parce que c’est eux qui sont au centre de tout. Il faut veiller à ce que le renforcement de capacités soit une réalité au niveau de notre football.

Comment comptez-vous mener la campagne pour ce challenge de la Fédération burkinabè de football?

Pour moi, il n’y a pas plus plusieurs façons de mener la campagne. Il faut convaincre votre interlocuteur. Dans le football, nous parlons de grands électeurs. Ce n’est pas le public qui vote; ce n’est pas non plus ceux qui vous portent dans le cœur. Il y a des grands électeurs que nous appelons les présidents de ligues, de clubs D1, D2, D3, du foot féminin et de districts. Voilà les seuls électeurs qui peuvent porter un président de la Fédération. La campagne ne peut se battre qu’avec ces hommes-là et non avec le public sportif qui aiment supporter. Il faut aller à la rencontre de l’électorat; expliquer votre projet de société pour que nous puissions nous entendre et nous comprendre.

Certains observateurs disent que cette élection du président de la FBF ne repose pas sur le programme des uns et des autres mais plutôt sur les moyens que chacun mettra pour être élu. Avez-vous aussi cette vision?

Pour ma part, moi je me base sur mon programme de société de football pour battre campagne. Et je vais attirer l’attention des différents électeurs que l’argent que nous allons mettre sur le terrain, pour pouvoir élire le président est passager parce que nous sommes en période électorale. Entre deux élections combien de présidents de clubs ou de ligues reçoivent la visite d’un président de la Fédération. Il faut réfléchir à cela au lieu du peu que nous allons prendre aujourd’hui et regretter demain.

Quelle est la première chose que vous feriez au soir du 22 août à Bobo-Dioulasso si vous êtes élu ?

C’est d’inviter tout le monde autour d’une table pour que nous puissions discuter ensemble et trouver la meilleure voie à suivre pour le développement du football burkinabè.

Interview réalisée par
Firmin OUATTARA

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