Le Premier ministre sur le barrage de Samendéni : « Je suis un peu déçu ! »

Pour sa première sortie dans la région des Hauts-Bassins, le Premier ministre Albert Ouédraogo était sur le site du Barrage de Samendéni, samedi 7 mai 2022. Cette sortie lui laisse un goût amer dû au long retard dans la mise en Œuvre du plus grand projet de développement dans la région.

Outre le gouverneur des Hauts-Bassins, colonel Moussa Diallo, le chef du gouvernement était accompagné de Maminata Traoré/Coulibaly, ministre de l’Environnement, de l’Energie, de l’Eau et de l’Assainissement, tutelle du Programme de développement intégré de la vallée de Samendéni (PDIS). Le guide du jour n’était autre que le Coordonnateur du PDIS, Abdoulaye Ouédraogo. A ses hôtes, il a présenté le PDIS dans ses différentes composantes et leur niveau d’exécution.

Pour ce qui est de la composante construction du barrage, objet de la visite du chef de l’Exécutif, il est réalisé à 100%. Inauguré le 30 novembre 2019, il a une capacité de stockage de 1,05 milliard m3 avec une digue de 2900 m et une profondeur de 23,9 m.

La composante construction de la centrale hydroélectrique avec ses deux turbines, devrait produire 18 GWH par an. Son taux d’exécution est estimé à 96%. Hélas, les turbines ne sont toujours pas arrivées au pays des hommes intègres. Le retard dans l’installation des turbines est dû à la situation sécuritaire du pays. Pour assurer la sécurité des techniciens Français, les exigences étaient telles qu’il fallait changer de fusil d’épaule. La ligne électrique raccordée au réseau SONABEL, est déjà sous tension et alimente un village déplacé. Le dernier planning prévoit la mise en service de la centrale au cours de cette année 2022, fait savoir le coordonnateur du PDIS.

Au titre de la composante aménagement de périmètres hydro-agricoles, 1500 ha de périmètres irrigués sont à 48% d’exécution. Les rapports d’études pour une deuxième tranche de 5000 ha sont en attente de validation.

Pour ce qui est de la composante aménagement et viabilisation de la zone agro-industrielle, les droits fonciers ont été réglés et les titres fonciers rétrocédés au ministère en charge de l’industrie. En 2021, ce ministère a lancé des études sur le lotissement de la zone et sur les voiries et assainissement.

Pour la composante développement de la pêche et de la pisciculture, il est prévu la réalisation d’une station aquacole dans le village de Samendéni. Le site a été acquis et le titre foncier remis au ministère en charge des ressources halieutiques. La pêche dans le lac du barrage est ouverte depuis en décembre 2018, les captures sont évaluées à 1000 tonnes par ans.

Dans le cadre de la composante récalibrage du fleuve Mouhoun, 100 km sont en cours d’exécution. Mais, l’occupation de la bande de servitude (100m de chaque côté du fleuve) ralentit les travaux. Une étude a été réalisée en vue du récalibrage du fleuve du barrage de Samendéni au site du futur barrage de Ouessa sur 700 km.

La composante mise en œuvre du Plan de gestion environnementale et sociale a un taux d’exécution de 97,97%. Huit villages (avec une population globale de 50 000 habitants) ont été déplacés et réinstallés. Les indemnisations des personnes affectées s’élèvent à près de 19 milliards FCFA. Malheureusement, cet argent n’a pas été utilisé à bon escient, selon le coordonnateur du PDIS, Abdoulaye Ouédraogo. Apres ces explications, le Premier ministre a fait la visite du chantier de la centrale hydroélectrique et un tour sur la digue du barrage afin de mieux apprécier la vaste étendue d’eau de son lac. Il s’est ensuite entretenu avec l’unité de coordination du PDIS et une délégation des pêcheurs exploitant le barrage.

Sentiment du Premier ministre

« Ce qu’on peut dire, c’est que le PDIS a été créé depuis 2006 et lancé en 2008. Mais après 14 ans, ce qu’on peut noter comme seuls acquis, c’est la construction du barrage et de la centrale hydroélectrique. Il y a d’autres investissements qui devaient être faits et qui n’ont pas encore été réalisés. Il y a des difficultés, notamment en ce qui concerne l’aménagement de 1500 ha parce qu’aujourd’hui on ne peut pas dire qu’un ha a été aménagé. Egalement il était prévu, pour ce qui concerne la composante pêche et pisciculture, une station aquacole. Là aussi, nous sommes au stade d’études. Il était prévu aussi l’aménagement et la viabilisation d’une zone agroindustrielle ; à ce niveau aussi on est au stade des études. Donc, je ne peux pas dire que je repars satisfait. Parce que je constate qu’après 14 ans, il y a encore des investissements qui n’ont pas été réalisés. On voit que les seuls bénéficiaires ce sont les pêcheurs. Je m’attendais à voir un projet déjà fini et qui était vraiment en marche. Mais là, je suis un peu déçu ! En termes de perspectives nous allons faire le point avec les différents ministères concernés pour voir comment mobiliser les ressources pour que les investissements puissent être réalisés au bénéfice des populations ».

Aly KONATE

alykonat@yahoo.fr

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