Législatives 2020, le piège qui risque de retomber sur le MPP

Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a envoyé au cours du week-end dernier des collèges d’appréciation dans toutes les provinces du Burkina avec pour objectif d’apprécier les candidatures des candidats aux élections législatives de novembre 2020. Ce qui a permis effectivement de passer en revue les nombreuses et différentes candidatures. Malheureusement, et ce n’est pas de la faute des membres qui ont composé les collèges, dans ce cas de figure, il y a toujours un premier. C’est ainsi que dans la plupart des provinces, de façon naturelle, les candidats sont arrivés par ordre de mérite. Du coup, les réseaux sociaux ont été inondés de ces résultats, affichant certains candidats comme tête de liste. Ce qui a obligé la présidence du parti du soleil levant à faire une mise au point au public alors que le mal est déjà fait.

En effet, dans cette mise au point, il a été rappelé en substance aux militants et candidats que les résultats des collèges d’appréciations ne sont un classement des candidats par ordre. Autrement dit, les classements qui ont été faits, à dessein ou non, sont susceptibles de modifications par le Bureau exécutif national à qui il revient la dernière décision. C’est là que pourrait résider le piège. Même si Simon Compaoré a déjà menacé que tous ceux qui iront se faire inscrire sur des listes d’autres partis politiques, s’excluent de fait du MPP, ils n’en manqueront pas. Car, ils seront rares les candidats qui, classés en tête de liste ou dans une position favorable, accepteront qu’au niveau central on les classe en bas de tableau. Surtout que certains d’entre eux sont déjà sûrs qu’ils seront en novembre prochain à l’hémicycle, arborant déjà en rêve leur écharpe avec la ronflante appellation de «Honorable député». Par contre, ceux qui éventuellement quitteront les dernières places pour rejoindre les premières seront très heureux. Quant aux malheureux, même s’ils ne démissionneront pas du parti, ils pourraient certainement ne rien faire pour qu’il engrange des voix. Ainsi, de par sa méthode de désignation de ses candidats, le parti se sera tiré une balle dans le pied.

Si les autres partis politiques, notamment de l’opposition, ne se pressent pas, c’est sans aucun doute parce qu’ils savent que des poids lourds pourraient les rejoindre si toutefois ils ne sont pas retenus sur les listes de leur parti. Ils seront aussi nombreux à rejoindre des partis de la mouvance présidentielle si là-bas aussi, on leur laisse la place.

Au Burkina Faso, c’est connu, personne ne milite dans un parti politique pour une quelconque idéologie. D’ailleurs, ils sont très peu qui savent ce que cela veut dire. Leur seule raison de militer, c’est leurs intérêts. C’est pourquoi, cela fera sourire des militants candidats, quand on menace de les exclure parce qu’ils sont allés chercher leurs intérêts ailleurs. Alors que tant que la politique sera comprise ainsi, elle ne répondra jamais aux aspirations des populations. D’où la méfiance à son égard et de tous ceux qui la font.

Dabaoué Audrianne KANI

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