A Tobo dans la commune rurale de Gbomblora, province du Poni, des jeunes à la recherche du métal précieux profanent des tombes et les lieux sacrés. Les champs et les maisons d’habitation sont saccagés et détruites. Ces activités d’orpaillage se passent au vu et au su de tous, alors que la mesure d’interdiction en cette période d’hivernage prise par le gouvernement court jusqu’au 31 Octobre.
Au sud du village de Tobo, un site d’orpaillage a envahi tout une grande partie du quartier. Une colline sacrée a été prise d’assaut par les jeunes en quête du métal précieux. La cour de Yaro Somé est aux abords du site. Les jeunes orpailleurs ont creusé jusqu’à environs 3 mètres des murs de la concession. Il y a à peine une semaine, ils ont découvert des ossements humains. « Ils ont fui, mais ils guettent toujours le coins pour revenir. La tombe de ma belle-mère décédée en 2015 a été profanée. Les jeunes en creusant sont tombés sur le cercueil. Ils ont cherché à savoir où se trouve le crâne pour pouvoir en extraire de l’or », raconte Dana Barthélemy Da, un natif du village.
A notre arrivée sur le site, c’est près d’une vingtaine de jeunes âgés pour la plupart d’environ 12 à 18 ans que nous apercevons sur les lieux. Ils ont des pelles et des péguasses aux mains. Dès notre décente du véhicule, c’est le sauve qui peut. Yaro Somé, tout découragé, affirme en ces termes : « La colline qui est juste à côté est sacrée. Mais, voyez dans quel état elle se trouve. Il y a un natif du village chez qui ils ont creusé au bord d’une maison et elle s’est écroulée. Il est allé se plaindre à la mairie et à la préfecture à Gbomblora, mais il n’y a pas eu de suite. En voyant cela, moi je n’ai plus eu le courage d’aller me plaindre ».
Au nord du même village un autre site s’étend sur des kilomètres. Aux abords des collines, se trouvent des champs dont le sol est très accidenté à cause des fosses creusées par les chasseurs d’or. Sur ledit site, nous trouvons quelques garçons qui fuient à notre arrivée, abandonnant moyens de déplacement et outils de travail. Les habitants du quartier craignent la destruction de leurs habitations. En effet, au mois d’avril 2020, les jeunes n’ont pas hésité à détruire une maison située sur « la ligne d’or » selon eux.
Dana Barthélemy Da a appris la nouvelle depuis son lieu de résidence dans un autre village de la province du Poni. La concession de son défunt père est menacée de destruction par les jeunes orpailleurs. Ces derniers n’attendent que la fin des récoltes pour venir fouiller l’or. Aux abords des concessions, se trouvent des champs de maïs, de sorgho et d’arachide. Au milieu des champs, les décombres d’une maison. « Ils affirment attendre que les gens terminent les récoltes pour venir recommencé à creuser. Ils disent que tout notre quartier est sur la ligne de l’or et qu’il faut que l’on quitte le quartier. Ce sont des jeunes du village mêmes qui font ça. Quand c’est ton propre frère, c’est vraiment difficile de réagir. C’est pourquoi nous demandons aux autorités compétentes de mettre fin à cette activité », déclare encore Dana Barthélemy Da, tout ému.
Menaces sur la quiétude
Le président du Conseil villageois de développement de Tobo, Dakiè Somé appuie les propos de Dana Barthélemy Da. Il interpelle aussi les autorités compétentes à prendre des mesures afin que la quiétude revienne à Tobo. De Tobo, nous nous rendons à la mairie de Gbomblora. A la question de savoir pourquoi la mairie n’a pas examiné la plainte des propriétaires terriens de Tobo, Bounikoun Patrice Da, 1er adjoint au maire assurant l’intérim du maire démissionnaire, s’explique en ces termes : « Ces orpailleurs et les propréteurs terriens s’étaient entendus sur un certain nombre de principes sans passer par la mairie. Maintenant que les closes de départ ne sont pas respectées, ils accusent la mairie. Si les closes de départ étaient respectées, aucun d’eux n’allaient le signifier aux autorités communales. La résolution des crises qui concernent le secteur foncier nécessite l’implication de plusieurs acteurs. Il s’agit du propriétaire terrien, de la mairie et de l’Etat. Si ces propriétaires terriens reviennent à notre niveau et nous posent le problème de l’expropriation de leurs terres, nous engagerons la procédure qui sied afin de leur permettre de rentrer dans leur droits».
La principale cause de la fréquente pratique de l’activité d’orpaillage, c’est la prolifération des appareils détecteurs d’or. Alors que l’utilisation de ces appareils détecteurs est formellement interdite sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Il en est de même pour ces activités d’orpaillage qui se pratiquent alors que les sites d’or sont toujours officiellement fermés. Ils rouvrent le 31 octobre prochain.
Warhanté HIEN/ Correspondant à Gaoua