Les mois d’août et de septembre sont les périodes propices de récolte des premiers tubercules d’ignames afin de permettre aux plantes de régénérer pour une seconde reproduction des boutures. Une seconde reproduction dont la récolte est destinée à la semence de la future saison.
Nous sommes dans le champ d’ignames de Tchônirè Hien, à Dongolona dans la commune de Midèbdo. Des buttes d’ignames à perte de vue. Sur chacune d’elle, un bois supporte les feuilles des plants d’igname. Ici et là on récolte des tubercules. Cette séance de récolte obéit à plusieurs principes. Tchônirè Hien, nous explique la technique de récolte : « Lorsque les feuilles des ignames deviennent vert-foncées à tendance noirâtre, cela est la preuve que les tubercules sont bien formés et que l’on peut commencer la récolte. Pour récolter on enlève légèrement la terre afin de voir la position du tubercule. Quand la direction d’enracinement de l’igname est connue, l’on creuse à l’aide d’une machette tout en prenant soin des racines qu’il faut protéger à tout prix. Lorsque le fond de l’igname apparait, avec la machette l’on coupe le nœud du plant en laissant les racines intactes avant de faire sortir l’igname de la butte en vérifiant qu’aucune racine d’arbre n’a calé le tubercule. Dans certaines buttes, l’on peut avoir deux tubercules. Lorsque c’est ainsi, l’on procède de la même manière pour enlever le deuxième tubercule ».
Une fois le tubercule récolté une autre technique s’applique afin de permettre au même plan de reproduire des tubercules qui serviront de semence. Selon Tchônirè Hien, après avoir récolté le tubercule d’igname, l’on prend soin de bien remuer l’intérieur de la butte à l’aide de la machette. Pour cette étape, il faut repositionner les racines et la tige avant de refermer soigneusement la butte avec la terre qui était au-dessus. L’on termine en mettant la terre qui vient d’être creusée au-dessus de la butte. La plante va régénérer et reproduire une deuxième fois. Lorsque les feuilles et la plante sèchent, alors c’est à l’aide d’une daba que l’on fait la deuxième et la dernière récolte. Les tubercules d’igname de cette dernière récolte serviront de semence pour la prochaine saison.
Cette technique de récolte ne s’applique pas à toutes les variétés d’ignames. Tchônirè Hien nous donne plus de précision. « Cette variété s’appelle « filado » ou américain. C’est une variété qui ne produit pas deux fois comme les autres. A cette période-là, elle a produit, mais on ne peut pas la récolter. Si nous la récoltons maintenant et nous la préparons elle ne peut pas cuire. Il faut carrément attendre la saison sèche pour la récolter. Lorsque l’on récolte cette variété que l’on appelle américain, il faut trier les petits tubercules comme semence, à défaut il faut prendre un tubercule et le divisé en plusieurs morceau pour planter ».
Pour cette campagne agricole 2020-2021 qui tire à sa fin, la province du Noumbiel détient 65% de la production nationale d’igname. La filière est pourtant confrontée à de nombreuses difficultés. Face à ces difficultés, Kiswendsida Zongo, chef de l’unité d’appui technique de Dobèna dans la commune de Midèbdo, prodigue des conseils aux producteurs. « De nos jours, les terres sont devenues très pauvres. Donc, les conseils que nous donnons aux producteurs, c’est de fertiliser les sols en apportant de la fumure organique et si possible des engrais minéraux. Cette pratique permettra aux producteurs d’augmenter le rendement de leur production ». Environ 1500 hectares de terre ont été emblavés d’ignames dans la commune de Midebdo dans le Noumbiel.
Warhanté HIEN/Correspondant à Gaoua