De nombreux producteurs sur le territoire national se sont plaints. Comme chaque année, parce qu’on leur a donné des semences sans les engrais. Même les semences dont ils ont bénéficiées, leur sont parvenues pour la plupart très en retard. Finalement, c’est à se demander ce qu’on veut au juste. Soit on décide de soutenir la production et on le fait à travers de bons circuits, soit on ne le fait pas et chaque producteur se débrouille comme il peut.
Car en effet, le détournement des intrants que l’Etat donne aux producteurs sous forme de subvention est connu de tous les acteurs de la chaîne. A moins que certains (sans doute ceux qui en profitent) feignent de l’ignorer. Sinon, comment comprendre que chaque année, l’Etat subventionne des intrants qui n’arrivent jamais aux vrais bénéficiaires ? Pire, ces mêmes intrants se retrouvent sur le marché où ils sont revendus plus chers, donc hors de portée des producteurs ? Que c’est sadique ! Le plus grave est que c’est ainsi que certains se comportent sans être véritablement sanctionnés. Le plus grave aussi, est que chaque année, l’État continue de subventionner. Comme si tout le monde était complice. Et pourtant, tout le monde sait très bien qu’il y a des détournements qui se font au préjudice des pauvres producteurs qui, en plus des angoisses de la pluviométrie, font face à ce honteux et inqualifiable comportement de personnes dont la seule envie est de se faire des sous, partout.
Nous ne cesserons de dénoncer tant que l’agriculture sera entre les mains de non-producteurs ou de faux producteurs regroupés dans de fausses associations, le Burkina Faso ne sera jamais, pendant longtemps, un grand producteur. Le cas du coton en est l’exemple le plus patent.
Quand ces rapaces de tous genres ont su, après la relance de la filière dans les années 1998 et la période grasse des années 2005 à 2010, qu’il y a de l’argent dans le coton, ils se sont tous rués sur elle. D’abord, ils ont travaillé à écarter tous ceux qui ont amené la filière à ce niveau record. Puis, ils se sont organisés en de véritables bandes de pillards. Conséquence, la filière coton du Burkina a piqué du nez et, depuis, n’arrive plus à relever la tête. Il n’est donc pas étonnant que les mêmes pilleurs trouvent d’autres moyens pour continuer de piller. Impunément.
Il est temps de se réveiller, car les vrais producteurs ne vont certainement pas se laisser piller chaque année par des personnes avides de gains faciles. Ils ne le pardonneront pas au gouvernement qui, par son inaction, se rend complice de tels comportements. La sortie hier à Ouagadougou, au cours d’une conférence de presse relevant de la chaîne de distribution de ces intrants pour dénoncer ce qui s’y passe en est déjà la preuve. Les faits sont là. Certains producteurs attendent toujours leurs intrants. Alors qu’ils ont été détournés et se trouvent en vente sur le marché. On fait comment ?
Dénis Dafranius SANOU