C’est la période de la campagne agricole 2024-2025 au Burkina Faso. Les producteurs sont actuellement à pied d’œuvre pour mener à bien cette campagne. Une équipe de L’Express du Faso est allée rencontrer quelques-uns dans des villages environnants de Bobo-Dioulasso, pour s’imprégner de l’état d’avancement de la saison hivernale ainsi que des difficultés que ces derniers rencontrent.
Il est 8h du matin lorsque nous quittons la rédaction de L’Express du Faso sous un ciel encore couvert de nuages, marque de la saison hivernale. A quelques minutes de route nous empruntons l’avenue de l’Union Européenne qui nous conduit sur la route nationale numéro 1. Le constat est net : les producteurs sont actifs sur le terrain. Dans les villages comme Kôro, Barré et Tondogosso que nous avons parcourus, des cultivateurs sont présents dans leurs champs. Certains sont en train de désherber tandis que d’autres appliquent de l’engrais et d’autres encore sont en action pour le traitement des herbicides.
Emile Sanou, cultivateur à Barré
« Cette année, nous avons commencé avec du retard »
« Nous cultivons beaucoup de choses ici. Cette année, nous avons semé du coton sur quatre hectares, du maïs sur trois hectares et des légumes sur le reste de nos terres. Vraiment, la saison hivernale s’est annoncée avec un retard dû à un manque des pluies. En plus de cela, nous craignons la cherté des prix des intrants agricoles tels que les engrais. Nous trouvons que cette année vaut mieux, car nous avons payé le sac d’engrais à 22 500 F CFA contrairement à l’année passée où nous avons payé le sac à 33 000 F CFA. En tout cas, nous prévoyons une très bonne campagne agricole si les pluies se suivent jusqu’au mois d’octobre. Actuellement, c’est notre inquiétude ».
Félix Sanou, cultivateur à Tondogosso
« Actuellement, ce sont les parasites qui nous inquiète »
« J’ai cultivé du coton, du maïs, du mil, du haricot, des arachides et des légumes sur une superficie totale de 15 hectares. Au début, nous avons rencontré des déficits pluviométriques mais à l’heure actuelle, il pleut beaucoup. Actuellement, c’est le problème de traitement qui nous inquiète beaucoup à cause des chenilles. S’agissant des engrais, les prix sont élevés. Cette année, j’ai payé le sac d’engrais à 25 000 F CFA mais pour ce qui est de l’engrais qui provient de la Côte d’Ivoire à 22 000 F CFA. Nous prions Dieu que les pluies viennent pendant au moins trois mois. Pour ce qui est des engrais, nous demandons aux autorités de faire toujours quelque chose pour que nous ayons les engrais moins chers encore ».
Jacob Sanou est aussi producteur à Tondogosso
« Nous remercions le président pour avoir baisser le prix des engrais »
« J’ai cultivé du maïs et aussi des légumes à savoir les poivrons, les courgettes, les aubergines et autres. Nous remercions beaucoup le président du Faso qui a décidé de diminuer le prix des engrais. Cela a été un véritable atout pour nous producteurs. Cependant, au début de la saison des pluies, il y a eu un retard dans les semences dû à une insuffisance de pluies qui nous a causé des dégâts ».
Nouhoun Sidibé, cultivateur au village de Kôro
« Je suis en train de pomper mon champ avec les herbicides »
« J’ai semé du haricot ici que je suis en train de pomper avec des herbicides. En plus de cela, j’ai cultivé d’autres spéculations comme le maïs et le mil. Personnellement, c’est le manque des pluies qui m’a beaucoup préoccupé durant cette campagne agricole. Sinon en dehors de cela, il n’y a pas d’autres difficultés ».
Abdoul Moumouni Kaboré, également cultivateur à Kôro
« Nous avons semé pour une deuxième fois »
« J’ai cultivé principalement du maïs. Il faut souligner qu’au début de la saison hivernale, nous avons semé et les semis n’ont pas bien germé. C’est ainsi que nous avons semé pour une deuxième fois. La seule difficulté a été le manque des pluies au départ, mais actuellement nous pouvons dire qu’il pleut assez. Donc nous sommes venus aujourd’hui pour appliquer l’engrais et désherber un peu ».
Des femmes comme manœuvres dans les champs
Considérées comme main d’œuvre par excellence dans les champs, les femmes jouent un rôle très important dans la production agricole. Si ce n’est leurs propres femmes, ce sont d’autres femmes qui sont embarquées sur la base de contrat verbal pour être conduites dans les champs situés dans les villages environnants de Bobo-Dioulasso pour y travailler. Comme depuis le début de la saison des pluies, elles sont présentes également ce matin aux mêmes endroits. A l’entrée du village de Borodougou, juste avant le poste de contrôle de la gendarmerie sur la RN1, assises par terre en de petits groupes, ces femmes attendent de potentiels clients (agricultures) chez qui elles espèrent passer la journée à faire des travaux champêtres monnayant 1 000 ou 1 500F CFA. « Dans notre groupe nous sommes 16 personnes. Depuis le début de la saison des pluies, nous partons dans les champs pour travailler. Cela nous permet d’avoir notre pain quotidien. Nous partons généralement vers le village de Kouakoualé et nous sommes payées à 1 000 F CFA par personnes si toutefois le propriétaire du champ assure notre restauration. Au cas contraire, c’est 1 500 FCFA par personnes », nous confie Nafissatou Zongo, responsable d’un groupe rencontré sur place. Toujours selon elle, « les travaux dans les champs ne sont pas faciles, mais nous arrivons à tenir le coup. Nous arrivons dans les champs vers 8 heures et vers 16 heures nous retournons à Bobo-Dioulasso pour nous occuper de nos travaux domestiques. Ce n’est pas tous les jours qu’on arrive à avoir des champs où travailler. Si nous partons dans les champs, à l’aller comme au retour, c’est le propriétaire du champ qui assure notre transport généralement à travers des tricycles ». A quelques mètres du groupe de Nafissatou Zongo, nous rencontrons un second groupe. Groupe fort de 15 personnes dirigées par Azeta Ouédraogo. Même son de cloche à ce niveau également. « Nous sommes ici chaque matin pour chercher des gens chez qui nous allons travailler dans les champs et avoir un peu d’argent pour pouvoir subvenir à nos besoins. Nous sommes rémunérées entre 1000F CFA et 1500F CFA. Si le propriétaire du champ nous donne de quoi nous nourrir, il nous paye alors 1000F CFA. Le travail est pénible, mais c’est mieux que de rester à la maison à ne rien faire. Outre la fatigue, nous ne rencontrons pas d’autre difficulté car à la fin des journées de travail les propriétaires des champs respectent le contrat et nous donnent notre argent sans souci », a laissé comprendre Azeta Ouédraogo.
Ben Alassane DAO
Aymeric KANI