Le Programme de développement intégré de la Vallée de Samendéni (PDIS) a présenté le bilan de la campagne de sensibilisation en vue libérer la bande de servitude des berges du fleuve Mouhoun. Cette rencontre d’échanges a eu lieu, mercredi 19 août 2020 dans la salle de conférence du gouvernorat de Bobo-Dioulasso.
Dans la conception PDIS, le fleuve Mouhoun est prévu pour servir de canal adducteur pour l’irrigation de 21 000 ha sur 17 sites. Mais « l’état actuel du fleuve ne permet pas cela », a indiqué le coordinateur du PDIS, Abdoulaye Ouédraogo. Pour la première phase, 1500 ha sont en cours d’aménagement sur 3 sites. Pour permettre leur irrigation à partir du Mouhoun, son recalibrage est indispensable sur 96 km, à partir du barrage de Samendéni. Les travaux de recalibrage vont consister essentiellement au nettoyage et reprofilage du lit mineur du fleuve, à la reconstitution de la forêt galerie sur une bande large de 100 m sur 96 km de chaque côté du fleuve afin de stabiliser ses berges.
Pour mener à bien cette opération, le PDIS a décidé de conduire une campagne de sensibilisation afin d’obtenir l’adhésion des parties prenantes. Pour ce faire, le PDIS a demandé le concours de la Direction générale de l’Agence de l’eau du Mouhoun. C’est la restitution des activités de cette campagne qui a fait l’objet de la rencontre du 19 août. Pour le Directeur général (DG) de l’Agence de l’eau du Mouhoun, Dr Bouraïma Kouanda, cette démarche est d’autant importante, qu’il faille avoir l’adhésion de ces populations pour la pérennité des arbres qui seront plantés au bord du fleuve. Car, « le recalibrage n’aura de sens que si l’on arrête les mauvaises pratiques. Il faut qu’on s’accorde sur les bonnes pratiques au bord du fleuve », dit-il.
Doléances des exploitants des berges
Selon le présentateur, André Sanon du PDIS, les sorties terrains d’échanges avec les acteurs (autorités et services techniques au niveau communal, exploitants des berges du fleuve) se sont déroulées du 18 mai au 19 juin 2020. Les échanges ont porté principalement sur les travaux, l’interdiction d’exploiter les berges du fleuve, la nécessité de libérer la bande de servitude, etc. Sur les 18 villages concernés par ces travaux, 12 adhèrent au projet, même s’ils ont formulé des doléances. Les six autres se sont montrés plus réticents aux cours des échanges. Mais, le préfet de Bama a indiqué qu’ils sont revenus le voir après le départ de la mission. Les exploitants des berges dans ces villages, souhaitent être pris en compte. L’essentielle des doléances ont trait au report du délai, aux terres autres à leur trouver, les doter en motos-pompes, aux indemnisations liées terres et investissements réalisés, à l’utilisation de la main d’œuvre locale pour les travaux, l’aménagement de points d’eau pour le breuvage du bétail. Toutes ces doléances ont été analysées. Et des pistes ont été dégagées pour permettre aux travaux d’être menés à bon port. Pour le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Antoine Atiou, les exploitants doivent savoir que les délais ne peuvent pas continuer à être repoussés éternellement. Même si les participants ont convenu de permettre à ceux qui ont des bananeraies de récolter jusqu’en fin février 2021, le délai du 30 novembre 2020 n’est pas pour autant remis en cause. Un cahier des charges sera proposé à ceux qui ont des vergers de manguiers et d’anacardiers pour pouvoir récolter pendant quelques saisons. Dans tous les cas, « la bande de servitude relève du domaine public de l’Etat », rappelle le gouverneur.
Aly KONATE