Ancien ministre du Commerce de 1992 à 1994, puis ministre des Finances jusqu’en 1996 sous Blaise Compaoré, Zéphirin Diabré proposait de former un gouvernement de réconciliation nationale, s’il était élu président du Faso en novembre 2020. Mais après avoir perdu son poste de chef de file de l’opposition à l’issue des élections législatives et présidentielle, il fait son entrée au gouvernement Dabiré II. Au sein duquel il est désormais chargé de « réconcilier » les Burkinabè. Ainsi, à défaut de pouvoir former son gouvernement, Zéphirin Diabré hérite d’un portefeuille ministériel sur la réconciliation nationale dans un autre gouvernement. Sauf erreur de notre part, il aura le mérite d’avoir été le tout premier Burkinabè à occuper ce poste depuis l’indépendance de notre jusqu’à ce jour. La question que l’on se pose à présent, c’est comment l’ancien Chef de file de l’opposition politique compte s’y prendre pour résorber la fracture sociale. Il est clair que la mission du nouveau ministère d’Etat, ministre auprès du président du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale vise 3 objectifs. Organiser un forum de réconciliation, baliser le retour des exilés politiques et éradiquer l’extrémisme violent. Son plan d’action pourrait être une synthèse de 02 programmes politiques. Son propre programme et celui de Roch Marc Christian Kaboré.
Dans son programme présidentiel, s’agissant de la réconciliation nationale, Roch Marc Christian Kaboré a promis de s’appuyer sur le travail remarquable du Haut Conseil pour la Réconciliation et l’Unité Nationale (HCRUN) et tirant leçon des résultats du dialogue qu’il a initié avec la classe politique. Il s’engage, dès le premier semestre de 2021, à organiser un forum de réconciliation avec l’ensemble des forces vives de la Nation dans une dynamique de sincérité et de pragmatisme pour créer les conditions d’une véritable réconciliation nationale. Il a promis de faire en sorte que le système judiciaire soit un instrument moderne, performant et crédible au service de l’État de droit pour tous les Burkinabè.
La paix et la cohésion sociale sont, selon lui, des facteurs indispensables de notre vivre-ensemble. La Nation a le devoir moral de lutter contre la stigmatisation et le repli identitaire qui fragilisent les bases de la cohésion sociale. C’est pour ces raisons que Roch Marc Christian Kaboré compte mettre un point d’honneur à renforcer les valeurs qui fondent la fierté commune des Burkinabè en tant que Nation.
Dans son programme présidentiel, Zéphirin Diabré met l’accent sur la cohésion sociale pour reconstruire la Nation divisée. Au titre des réformes et actions, il propose de mener une étude d’envergure nationale en approchant toutes les composantes de la société burkinabè de façon inclusive pour comprendre les causes profondes et détaillées des cas de violences sur toute l’étendue du territoire, construire l’union sacrée des filles et fils du pays en trouvant la stratégie qui permet de rassembler et de galvaniser toutes les composantes de la société à s’unir en une seule et unique nation. Cette stratégie sera basée sur les pratiques communautaires de réconciliation et/ou de renforcement de la cohésion sociale entre groupes sociaux interethniques. Zéphirin Diabré propose également une stratégie de gestion de la succession au trône des chefferies traditionnelles.
Son plan pour la réconciliation nationale, est basé sous le triptyque vérité-justice-réconciliation. Pour y arriver, il compte convoquer une Conférence nationale des forces-vives de la Nation pour réfléchir sur la trajectoire à baliser pour le retour de la paix et la réconciliation. L’intérêt supérieur de la nation doit nous rassembler en dépit de nos divergences idéologiques et politiques. Pour ce faire, son action vise à faciliter le retour des exilés politiques. Il encourage la construction d’un espace de communication et d’autogestion. Il s’agit d’un espace local pluriethnique et religieux dans les villages et les communes. Dans tous les villages et quartiers des villes, voir la possibilité d’inviter les populations en un jour à faire des Assemblées générales pour parler des mésententes dans tous les domaines et à trouver des réponses à ces contraintes. Il propose d’opérationnaliser un vrai dialogue social pour désamorcer la fronde sociale, élaborer une politique nationale de cohésion sociale, instituer et célébrer annuellement une journée nationale de la cohésion sociale, réformer les institutions républicaines afin de les rendre plus en phase avec les exigences de l’Etat de droit. Sur la question du retour du président Blaise Compaoré voici ce que Zeph confiait à un media étranger lors de la campagne électorale. «Le président Blaise Compaoré a dirigé ce pays pendant presque trois décennies. Il a une expérience, il a des connaissances, il a peut-être aussi des contacts qui peuvent nous être utiles. Il n’y a pas de honte à faire en sorte que, quelqu’un qui a servi son pays à ce niveau-là, puisse lui apporter ce concours-là». Enfin, l’ancien opposant se dit favorable à un retour au pays de l’ancien chef d’État, et prône, plutôt qu’un jugement, un processus de « réconciliation nationale », nécessaire pour relever « les défis » auquel le Burkina Faso fait face. Maintenant qu’il est le chef d’orchestre de cette réconciliation nationale, on attend le natif de Foungou au pied du mur.
Ousmane TRAORE