Au Mali, on ne peut pas dire que la junte militaire n’a pas respecté ses engagements. La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne voulait pas d’un militaire à la tête de la transition. Pour être plus clair, elle n’entendait pas que ceux qui sont à l’origine du coup de force dirigent la transition. Les militaires putschistes ont alors obtempéré non sans jouer un tour à la communauté ouest-africaine.
Le président de la transition est un retraité…de l’armée. Il est militaire, mais n’exerce plus. Il est à la fois militaire et civil. Il connaît les rouages de l’armée, mais aussi de l’administration civile. Pour tout dire, c’est un homme complet qui doit pouvoir fédérer les Maliens autour du plus important. En outre la date butoir pour la désignation du président de la transition étant aujourd’hui, on ne peut pas dire que les putschistes ne sont pas dans les délais. A moins que la CEDEAO veuille être très intransigeante en reniant tout ce qui sonne militaire (même à la retraite) elle devrait accepter le choix des Maliens. Dont la majorité avait applaudi le coup de force perpétré par l’armée contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Il est évident que les réactions seront nombreuses. Mais, tout ce qui compte doit être l’intérêt supérieur du Mali. Aussi, le président de la transition, nouveau chef de l’Etat doit se donner tous les moyens de réconcilier une classe politique qui parle très rarement le même langage, une société civile bavarde et qui manque parfois de cohésion, une armée plus ou moins désorganisée et impuissante face aux terroristes ; une administration corrompue et rompue au gain facile… Bref, la tâche ne sera pas facile.
Séri Aymard BOGNINI