Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement des pays communistes au début des années 1990, l’Afrique a amorcé l’aventure démocratique. Des conférences nationales et internationales, des formations diverses…ont été organisées, çà et là, pour expliquer la gouvernance démocratique.
Malheureusement, les intellectuels africains qui ont bénéficié de ces conférences et formations ont compris la démocratie en leur manière. A l’origine, la « Démocratie » est un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions politiques par le vote. Ce qui s’adapte difficilement aux réalités africaines car la gouvernance basée sur la force et la dictature sous forme ancestrale faisait moins de frustrés que la démocratie, appliquée par les dirigeants d’aujourd’hui.
Avant l’arrivée du colon dans nos contrées, les communautés vivaient en royaume. Les villages étaient sous la coupe de chefs, les circonscriptions territoriales sous les ordres de rois. Tout était organisé de sorte que la communauté d’une même aire territoriale défend la même cause pour l’intérêt supérieur du roi et partant de tous.
Il y avait certes du despotisme, mais jamais une injustice criarde. Depuis l’instauration de la démocratie, la gouvernance est devenue un vrai moyen de pillage des ressources. Les avantages toujours promis aux masses par les démocrates sont toujours loin d’être une réalité en Afrique. Ainsi, pour paraphraser l’adage, on peut dire que « l’éléphant démocratie » annoncé est donc arrivé avec un pied cassé. La monarchie et la dictature qu’on a combattues sont revenues sous une nouvelle forme.
Au plan traditionnel, les populations comprenaient leur sort suivant la culture. Mais se cacher derrière un soi-disant régime démocratique pour les spolier pour ensuite léguer le pouvoir à un descendant ou à un frère, il y a un pas que les pseudos démocrates africains ont franchi.
En souscrivant donc à la démocratie, les intellectuels africains ont oublié les masses. Elles peuvent certes supporter le pillage des retombées économiques des efforts communs durant un temps donné. Mais vouloir le faire continuellement, c’est attenter à leur dignité. C’est ce qui justifie les coups d’Etat, les mutineries et les insurrections populaires en Afrique.
Car les militaires étant une partie des populations pillées et réduites à la misère, pendant que des minorités au nom de la démocratie ont tout pour vivre dans l’opulence ne laisseront pas faire. Tant que les politiques continueront de gouverner de façon individuelle en faisant fi des vraies préoccupations des masses, le développement de l’Afrique sera difficile à amorcer.
Il est donc temps que les gouvernants revoient leur copie afin de l’adapter aux attentes des masses. Sinon gouverner en les ignorant, c’est s’ignorer soi-même en tant que gouvernant. Il faut surtout éviter d’atteindre le troisième verre d’Amadou Hampaté BA, qui compare le pouvoir à l’alcool. « Après un premier vers, on est joyeux comme un agneau.
Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde, comme le lion dans la savane. Au troisième verre, on est comme le cochon, on ne peut que faire des cochonneries… »
Souro DAO