Abdoul Karim Baguian dit Lota, candidat à la présidence de la FBF : « S’il y a quelqu’un derrière ma candidature, c’est bien le football »

Aussi connu dans le milieu sportif et politique, Abdoul Karim Baguian dit Lota est un jeune entrepreneur plein d’ambitions et de détermination. Fondateur de Lota entreprise composée de Lota charcuterie et Lota service-conseil, il se lance dans une autre conquête, celle de la présidence de la Fédération burkinabè de football. Fort de son passé footballistique glorieux, il ne veut plus se laisser conter la gestion de notre football, il veut être même au premier plan de cette gestion. A la suite de sa conférence de presse de déclaration de candidature dans son village à Manga, nous l’avons rencontré dans ses locaux. Nos échanges ont porté sur sa vision de notre football, ce qu’il compte apporter de plus, les axes de son programme de campagne, mais aussi sur sa vie sportive et politique.

Votre nom à l’Etat civil, c’est bien Abdoul Karim Baguian, mais on vous appelle communément Lota. D’où vient ce nom?

Je l’ai hérité depuis l’école primaire, du footballeur zambien Denis Lota des années 1992. C’est lors de la CAN 94 je pense, il a marqué un but. Dans la même semaine, nous avons joué un match de l’OSEP, j’ai marqué un but de la même manière. Après le match, mes coéquipiers et mes camarades de classe ont commencé à m’appeler Lota. Une fois en classe, mon voisin a pris un feutre et écrit Lota sur mon tee-shirt. Et dès que je porte ce tee-shirt pour monter sur le terrain, les gens m’appellent Lota. Depuis ce temps, il y a des gens qui ne connaissent pas mon nom à l’état civil, ils m’appellent Lota.

Quel est votre parcours sportif?

Le football et moi, c’est une histoire. Mon défunt papa était un supporter de l’ASFA-Y. A l’âge de 5, 6 ans, il m’amenait au stade suivre le championnat, l’entrainement de l’ASFA-Y et des Etalons. C’est de là que ma passion pour le football est née. Ensuite, j’ai commencé à jouer dans l’équipe de notre quartier, TOPEZ FC. De là-bas, j’ai joué à l’OSEP, puis au lycée Philippe Zinda Kaboré. J’ai joué là-bas avec les Jonathan Pitroipa, Ouédraogo Sidi Mohamed, les frères Coulibaly et les Edgar Diéssongo à Planète Champion. Nous avons été des minimes du Zinda à battre le PMK. Ce jour, j’ai été buteur deux fois. Du Zinda, j’ai été détecté par le Santos FC, où j’ai joué toutes les catégories. Après, j’ai fait un bref passage au Canon du Sud et ranger les crampons. Juste après ma carrière, j’ai été admis comme secrétaire général des supporters en relation avec le comité central de l’ASFA-Y.

Vous êtes candidat au poste de président de la Fédération burkinabè de football (FBF), qu’est-ce qui a motivé votre candidature?

Ma candidature est tout à fait normale, du moment où j’ai été acteur et dirigeant. C’est un devoir de redevabilité. Si vous voyez des pays comme le Ghana et la Côte d’Ivoire, les joueurs, une fois qu’ils rangent les crampons, s’impliquent dans la gestion du football dans leur pays. Ce qui est désolant dans notre pays, les anciens joueurs préfèrent suivre l’ombre des autres. Ils ne veulent pas s’engager. A un moment donné, je me suis dit qu’il faut qu’on soit redevable à ce sport qui a permis de découvrir certaines personnes.

On vous a connu dans le milieu sportif avec l’ASFA-Y. Alors que ce club déclare officiellement soutenir la candidature d’Amado Traoré, quel club portera la votre?

Avant de me déclarer candidat, j’ai eu le soin d’appeler téléphoniquement le PCA de l’ASFA-Y, Armand Pierre Béouindé, le président du comité central Armand Kaboré, le président section football, Kabré Seydou, et le président de l’Union nationale des supporters des Etalons, Ablassé Yaméogo, pour leur annoncer ma volonté d’être candidat à l’élection du président de la Fédération burkinabè de football. Avant de tenir ma conférence de presse de déclaration de candidature à Manga, je leur ai adressé une correspondance. Ils m’ont rassuré qu’ils ont pris acte. Ils ne m’ont pas dit, que ce soit téléphoniquement ou après ma notification, qu’ils soutiennent un autre candidat. Je suis de l’ASFA-Y et j’ai servi ce club. Je serai satisfait d’être le porte-flambeau du club à cette conquête de la présidence de la FBF. Mais, si l’ASFA-Y ne trouve pas d’intérêt pour ma candidature, je ne les en voudrais pas. Toujours est-il que je me présenterai sous la coupe d’un club.

Sans le soutien de votre club de base, ne pensez-vous pas que la partie sera difficile pour vous?

L’une des motivations de ma candidature, est que le football burkinabé s’est accroché à certaines valeurs qui ne l’honorent pas. Nous sommes en compétition et la majeure partie des Burkinabè pense que c’est autre que les débats d’idées. Souvent, ces gens vont de compromis en compromis. C’est pour cela que je dis que ça me plairait d’avoir l’accompagnement de l’ASFA-Y, mais je ne peux pas les obliger.

Sur le plan politique, votre mentor au CDP, Eddie Komboigo est-il derrière votre candidature à présidence de la FBF?

Au Burkina Faso, il y a des gens qui pensent qu’il y a des super-intelligents. Et pour mettre une initiative en œuvre, il faut être accompagné ou épaulé par une tierce personne. En 2010 à 26 ans, lorsque j’étais Secrétaire général des supporters de l’ASFA-Y, c’était le président Eddie Komboïgo? Quand je jouais au Santos, c’était lui qui était derrière moi? Nous sommes dans une course pour la présidence de la FBF, les hommes qui ont des qualités ne peuvent pas, ne pas avoir des détracteurs. Chacun est libre de ses pensées et de ses opinions. Tous ceux qui ont eu la chance de me côtoyer, savent que je suis un homme autonome, plein d’initiatives et d’engagements. S’il y a quelqu’un derrière ma candidature, c’est bien le football, rien que le football.

Votre passé politique, ne sera-t-il pas un handicap pour vous dans cette course à la présidence de la FBF?

Ne dit-on pas qu’il faut une bonne politique pour le sport. Je ne dirai pas, passé politique. Parce que je suis toujours actif, et je ne suis pas entrain de fuir mes responsabilités de ma casquette politique. Je m’identifie dedans et je m’assume. Maintenant, nous ne sommes pas dans un cadre politique mais footballistique, qui est la présidence de la Fédération burkinabè de football. Une fois que tu t’engage en politique, soit tu fais la prison, ou tu es assassiné, ou tu pars en exil et le dernier pan c’est le trône que je souhaite avoir. Ce qui m’est arrivé, fait partie des épreuves de la vie politique. C’est aussi ce qui m’a donné le courage de me lancer à 36ans à la conquête du fauteuil du président de la FBF. Parmi les 6 candidats annoncés, je suis le plus jeune. Même si ma jeunesse n’exclut pas le savoir et le vécu que j’ai eu dans le milieu du football. Je pense qu’en aucun moment, mon vécu politique peut entacher ma volonté de servir le football burkinabé.

A votre déclaration de candidature, vous avez annoncé des sommes ronflantes pour le vainqueur du championnat (100 millions FCFA), aux clubs de D1 (50 millions FCFA) et aux joueurs de D1 (300000 FCFA/ Mois). Où comptez-vous avoir les ressources nécessaires pour tenir ces promesses?

Ne dit-on pas que la création vient de Dieu et l’invention de l’homme. Je vous le dit, il y a beaucoup de non-dits dans le football burkinabè. Tous les moyens sont là pour que le football burkinabè soit professionnalisé. Il nous manque seulement des hommes de qualité qui peuvent nouer des relations à interne comme à l’externe, afin de pouvoir trouver des financements conséquents pour le renouveau du football burkinabè. C’est très simple. Moi Lota, si je suis élu au soir du 22 Août, je suis sûr et certain que j’aurais les moyens nécessaires pour revaloriser et restructurer le football burkinabè. Il y a les réseaux de télécommunication, les sites miniers, les organisations internationales, il y a des hommes d’affaires mêmes qui m’ont approché, parce qu’ils ont envie d’accompagner le football burkinabè. Mais, ils disent qu’ils n’ont pas en face d’eux un homme convainquant. Le football est devenu un business. Et ce n’est pas pour rien que la loi 21 a été votée à l’Assemblée nationale pour transformer les associations sportives en entreprises. Si le collège de désignation fait confiance à Lota, je traduirais toutes mes promesses en réalité.

Quels sont les grands axes de votre programme de campagne?

La thématique de mon programme, c’est la rétrospective du football burkinabè, les acquis, les défis et les perspectives. Qui parle de rétrospective, c’est le passé. Il s’agit de voir ce qui a marché et aussi ce qui n’a pas marché depuis la création du football burkinabè, les manquements, les faisabilités, les acquis. Je me suis porté candidat pour présenter mon programme, et le défendre pour le faire accepter par le monde sportif national. On doit accepter que les présidents de la FBF qui se sont succédés, chacun a œuvré à sa manière à l’amélioration du football burkinabé. Mais, il est de normal qu’on reconnaisse qu’il y a desmanquements, un championnat n’arrive pas à être professionnel, qui n’a pas un cadre de financement pour accompagner les clubs. En ce qui concerne les défis, c’est ce que je propose au monde du football national. C’est d’abord de mettre en place une commission de personnes-ressources, qui vont faire un diagnostic généralisé du manquement du football burkinabé. Il faut comprendre pourquoi en 2020, il y a des clubs qui trainent encore des arriérés de salaires. Dans mon programme, nous allons travailler à corriger ces manquements.

Comment comptez-vous battre campagne pour assurer votre élection?

Nous sommes en compétition, et il faut d’abord se faire entourer par des hommes de qualité, qui vont surtout travailler dans l’anonymat et dans la discrétion. Il faut aussi savoir dégager une stratégie conséquente, pour pouvoir convaincre l’électorat. Je vais mettre l’accent sur l’argumentaire, sans faire de fausses promesses. Ce que j’énumère, j’aimerais le faire avec l’accompagnement des 13 ligues, par les clubs de première, deuxième et troisième division, les personnes-ressources du football burkinabé.

Vous connaissez déjà vos challengers, avec lequel avez-vous des accointances?

Je m’entends bien avec tous les autres candidats. Le seul candidat auquel je n’ai pas encore eu accès, c’est le candidat Mory Sanou. Sinon les autres candidats, ce sont mes grands frères. Je ne suis pas prêt à rallier un autre candidat. J’ai mon programme que je vais défendre.

Propos recueillis
Par Firmin OUATTARA