Autant le dire… : Tchad, Idriss fils fera-t-il mieux qu’Idriss père ?

Général d’armée à 37 ans, c’est aussi à cet âge qu’il prend les rênes du pouvoir dans son pays, le Tchad, après la mort de son père. Mort officiellement après avoir « reçu des blessures au front » où il était allé aux côtés des forces armées, affronter les rebelles. La grosse inquiétude qui taraude les esprits au lendemain de cette mort tragique est celle de savoir si le fils fera mieux que le père. Président du Conseil militaire de transition, il a procédé à la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement. Autrement, toutes les institutions plus ou moins démocratiques mises en place sous le règne de son défunt père, ont été dissoutes. En clair, c’est à un nouveau départ que les nouvelles autorités invitent les Tchadiens. Sont-elles prêtes à aller jusqu’au bout ? C’est à ce niveau qu’elles sont très attendues.

Dans leur toute première déclaration annonçant en même temps la mort du président Deby et la mise en place du Conseil militaire de transition, les militaires ont invité tous les Tchadiens de l’intérieur et de l’extérieur à se joindre à eux pour qu’au bout de 18 mois, il soit organisé des élections démocratiques et inclusives. Avec pour effet, la mise en place d’institutions démocratiques crédibles et fortes. Malheureusement ou heureusement (c’est selon), la classe politique et la société civile tchadiennes ne veulent pas mordre à cet hameçon. Argumentant qu’il faut d’abord respecter les institutions qui existent. Même si elles ne sont pas crédibles. Autrement, la période de transition doit être dirigée par le président de l’Assemblée nationale, selon la Constitution. Alors que les militaires ont dissout l’Assemblée nationale. Ils sont même allés tellement vite qu’une charte a été adoptée par eux pour conduire la transition. Alors que le bon sens aurait voulu que tout cela soit discuté dans un cadre inclusif, qui aurait réuni à la fois l’armée, la classe politique et les organisations de la société civile.

En réalité, à voir de près ce qui s’est passé au Tchad, on ne peut s’en passer de croire qu’il s’agit tout simplement d’un coup de force au sein de l’armée. Dont la finalité était d’écarter Idriss Deby du pouvoir. Lui qui, pendant longtemps (37 ans au pouvoir) n’épargnait la vie de personne (jusqu’aux membres de sa familles) quand il s’agit de sauvegarder son pouvoir. A tel point qu’il pouvait constituer un véritable danger pour l’armée elle-même au sein de laquelle il y avait certainement des dissensions.

Idriss Deby est donc parti. Il appartient à son fils et tous ceux qui l’entourent de sauver le Tchad. Mais, ils doivent se convaincre qu’à eux seuls, la tâche sera impossible. Le Tchad a besoin de tous ses fils et filles pour un nouveau départ. Trente-sept ans de règne d’un seul homme, ça laisse des stigmates. Mais qu’il faut tout de suite savoir panser et faire face aux nouveaux défis : la réconciliation, l’unité nationale et le progrès économique et social. C’est ce dont le Tchad a besoin.

Dabaoué Audrianne KANI

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