Filière anacarde : « L’agrément permet de respecter les règles que nous nous sommes fixées », Joseph Zerbo, DG du CBA

À l’occasion du lancement de la campagne de communication de la noix de cajou à Banfora le samedi 13 mars 2021, nous avons rencontré Joseph Zerbo, Directeur Général du Conseil burkinabè de l’anacarde. Voici ce qu’il nous a confié.

Joseph Zerbo, Directeur Général du Conseil burkinabè de l’anacarde

Quelles sont vos ambitions pour cette campagne qui s’ouvre ?

Le ministre de l’Industrie et du Commerce l’a dit dans son discours. Nos ambitions c’est de travailler à faire respecter le prix de 300 FCFA le kilogramme de noix de cajou. C’est un prix plancher au dessous duquel il est interdit d’acheter ou de vendre. Mais comment faire respecter cela ? C’est à travers une structure du ministère en charge de l’Industrie où nous avons ce qu’on appelle la Brigade mobile du contrôle économique et de la répression de la fraude. Cette brigade va intensifier les actions afin de faire respecter ce prix qui est fixé. L’autre élément que vous avez écouté c’est notamment le montant du prélèvement sur le kilogramme de cajou vendu. A ce sujet, il faut dire que ce prélèvement qui est fait sur les exportations de noix brute de cajou sont des ressources qui sont utilisées et injectées dans la filière à travers le Conseil burkinabè de l’anacarde. C’est en cela que les deux éléments sont importants. Et c’est dans cette dynamique que nous allons accompagner les producteurs, les transformateurs et les commerçants et tout cela dans le bonheur global du Burkina Faso.

 

Il y’a aussi le vieillissement des anacardiers.  A ce niveau qu’est-ce que le Conseil burkinabè de l’anacarde compte faire d’autant plus que c’est de là que vient la matière première ?

Je voudrais indiquer que le Conseil burkinabè de l’anacarde (CBA) est une nouvelle structure et comme on le dit, gouverner c’est prévoir.  Et prévoir c’est connaître. C’est pourquoi nous devons avoir la situation exacte sur le terrain.  C’est en ce sens qu’au niveau de la production nous avons déjà entrepris une étude qui va nous permettre d’avoir une cartographie des vergers.  La cartographie des vergers nous permettra de faire la situation des vergers même étant dans nos bureaux.  Cela va nous permettre également d’entreprendre des actions plus sérieuses sur la base des données exactes. Ce qui va nous permettre d’apprécier à sa juste valeur les différents défis à relever dans le maillon production.

 

Il y a aussi les difficultés qui ont été énumérées par les acteurs. Pouvez-vous nous expliquer davantage de quoi il s’est agi ? 

Avant tout, il faut indiquer que les ressources que le CBA utilise pour accompagner les acteurs sont des ressources publiques ; leur utilisation et leur gestion obéissent à des règles qui ne sont pas propres au CBA. C’est la nature des ressources qui impose les règles. Il faut noter qu’il est important d’accompagner les acteurs à la base qui n’ont pas les rudiments nécessaires en matière de gestion des ressources publiques. Et nous avons commencé déjà à le faire avec la première subvention. On a fait aussi une formation à leur intention afin qu’ils puissent intensifier la production, au fur et à mesure. C’est une situation à laquelle on doit s’adapter pour pouvoir atteindre nos objectifs ; c’est ça la bonne stratégie.

Aujourd’hui il faut indiquer que la noix de cajou au Burkina Faso a des vertus, a des avantages comparatifs qui ne sont pas assez mis de façon claire à l’intention des acheteurs. Comparativement à d’autres pays comme la Côte d’Ivoire où l’humidité est très forte, les noix de cajou du Burkina Faso sont très bien appréciées parce que la teneur en humidité est faible ; ce qui améliore la qualité des amendes et du même coup la qualité du marché. Notons qu’aujourd’hui, l’exportation de la noix de cajou est faite de façon globale par des étrangers. Nous devons travailler à inverser la tendance en amenant nos grossistes à aller sur le marché international pour comprendre un peu comment on exporte et voir dans quelles mesures le CBA peut accompagner aussi les acteurs à aller signer des contrats importants à l’extérieur. Ce qui permet de raccourcir la chaîne de distribution et aussi d’avoir des gains supplémentaires en termes de revenus. Ce sont des éléments sur lesquels on va travailler pour que nous puissions avoir par exemple, à l’image des autres pays qui sont avancés, à avoir un groupement d’intérêt économique et constituer des acteurs afin que le CBA puisse les accompagner à ce qu’ils aient les contrats avec les acheteurs à l’international.

En ce qui concerne l’agrément, il faut noter que l’agrément n’est pas seulement pour les exportateurs. L’agrément permet d’identifier l’ensemble des acteurs. En outre, il permet de faire en sorte que nous respections les règles que nous nous sommes fixées.

Pendant le discours du Premier ministre devant l’Assemblée nationale, la question des achats bord champ a été évoquée. L’agrément interdit les achats bord champ. Ce qui va nous permettre d’éviter de prendre toutes les dispositions pour que les unités de transformation aient de la matière première. L’agrément nous permettra en fin de compte d’avoir un développement durable de la filière dans sa globalité et tous les acteurs pourront en tirer profit.

Propos recueillis par

Besséri Frédéric OUATTARA/Banfora