Zoénabou Sawadogo, Tigoung Nonma : “Une personne handicapée autonome n’est plus un handicapé”

Zoénabou Sawadogo, dans la cinquantaine, est handicapée motrice des membres inférieurs suite à la poliomyélite à l’âge de 9 mois. Elle est la preuve que l’on peut réaliser ses rêves même si on est frappé d’infirmité. En effet, femme battante et dynamique, elle est la coordonnatrice d’une Coopérative des Artisans handicapés et une association pour le bien-être des personnes handicapées. Elle nous raconte son parcours !

J’ai été récompensé par la FBF avec un prix « FBF Award For Peace 2019 » pour mes actions en faveur de la personne vivant avec un handicap

 

Il est souvent de coutume de penser qu’être handicapé sous-entend être triste, être malheureux. Tel n’est pas le cas de Zoénabou Sawadogo. Cette dame se bat tous les jours pour contredire ces préjugés et montrer aux uns et aux autres que le handicap n’est pas un frein au bonheur. Titulaire du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) obtenu en 1984, elle s’est également formée entre autres, en informatique, en tissage et tricotage, en restauration, en marketing, en gestion des projets, en gestion financière en vie associative et en droits des personnes handicapées. Elle est la coordonnatrice de Tigoung Nonma (TN) « l’union fait la force », créée en 2005. Elle compte 81membres dont 50 femmes et 31 hommes. Située au quartier Gounghin à Ouagadougou, elle intervient dans plusieurs corps de métiers comme la couture, le tissage, la maroquinerie, la restauration, les jouets éducatifs, la pyrogravure, la poterie, les colliers, le bronze, le bogolan et le batik. Les travaux se font individuellement et ou en groupe. Zoénabou Sawadogo confie qu’elle s’est lancée dans ce domaine pour avoir plus de force, accompagner les membres de l’association dans les formations professionnelles, dans l’écoulement de leurs produits et vivre de ce qu’ils font. Car dit-elle, « les personnes handicapées sont nombreuses dans ce domaine et beaucoup ont appris leur métier sur le tas, sans aucune formation professionnelle, et elles n’arrivent pas à écouler les produits».

L’autonomisation économique

Comme dans toute activité, Tigoung Nonma rencontre également des difficultés. Sa coordonnatrice évoque la situation sécuritaire et la pandémie de la COVID-19. Elles ont des effets négatifs sur la vie de l’a coopérative avec notamment le manque de touriste, les annulations des grandes foires telles que le SIAO, le FESPACO et le Marché de noël. À cela s’ajoutent la fermeture de International Service, la faible vente dans leur boutique, la pauvreté accrue des membres et le manque de soutien de leurs partenaires. Malgré ces difficultés, dame Sawadogo souhaite voir l’autonomisation économique effective des membres de sa coopérative ainsi que leur rôle dans le développement socio-économique du Burkina Faso. Elle explique que Tigoung Nonma est en voie de finaliser son plan stratégique. Elle veut aider tous ses membres à avoir leurs cartes professionnelles d’artisan. Et souhaite des aides de toutes sortes, surtout en vivres pour les soutenir en cette période difficile. Si la coordonnatrice de TN reconnait des efforts faits par les plus hautes autorités du pays pour l’autonomisation des femmes en générale et des personnes vivant avec un handicap en particulier, elle estime tout de même que la question demeure encore un grand défi qu’il faut relever. « L’entreprenariat féminin au Burkina Faso est à encourager et à soutenir, car il est le socle de développement de la grande majorité des femmes burkinabé. Il contribue au développement du pays, à l’épanouissement et à l’amélioration des conditions de vie des femmes. Malgré les efforts de l’Etat, l’autonomisation économique des femmes de façon générale et en particulier celle des femmes handicapées demeure encore un grand défi à relever. Car une personne handicapée autonome n’est plus une personne handicapée», plaide-t-elle. Elle invite les populations à faire consommer leurs produits afin que le regard sur les personnes handicapées et notamment la femme handicapée puisse changer positivement.

Aïcha TRAORE

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